Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/413

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lueurs incertaines du crépuscule, lorsque la prisonnière entendit frapper doucement à la porte de sa chambre. Ce bruit ne la dérangea nullement, car dans ce moment elle terminait la prière du soir prescrite par sa religion, en chantant l’hymne suivant :


Quand Israël, peuple chéri de Dieu,
S’en retournait du pays d’esclavage,
L’astre sauveur marchait devant l’Hébreu ;
Guide imposant, et qui sur ce rivage
S’environna d’un nuage de feu.
Durant le jour la colonne enflammée
Avec lenteur, sur les peuples surpris,
Suivait son cours voilé par la fumée ;
Tandis qu’au loin les sables d’Idumée
Gardaient l’éclat de ses rayons chéris.

Les hymnes saints s’élevaient dans les nues
Au son bruyant des clairons et des cors ;
Et de Sion les vierges ingénues
Aux chants guerriers unissaient leurs accords.
Nos ennemis dédaignent les prodiges ;
Israël voit mourir ses faibles tiges ;
En refusant de suivre tes sentiers,
Nos fiers aïeux ont payé leurs prestiges,
Et de leurs maux tu nous rends héritiers.

Bien que présent, tu restes invisible.
Quand brilleront de plus fortunés jours ?
Que ta mémoire offre un voile sensible.
Contre des feux qui nous trompent toujours !
Et quand la nuit, de ses noires ténèbres
Aura couvert nos riantes cités,
Retiens tes coups dans ces moments funèbres.
Et prête-nous tes divines clartés.

À Babylone, en silence et captives,
Ont dû gémir nos harpes fugitives :
Tout Israël est en proie aux tyrans.
Sur nos autels plus de feux odorants ;
Et nos clairons et nos trompes sommeillent.
Mais ta clémence a dit : Qu’ils se réveillent !
Le sang des boucs et la chair des béliers
N’ont aucun prix où mon regard s’attache :
D’humbles pensers, un cœur pur et sans tache,
Me sont plus chers et non moins familiers.


Lorsque Rébecca eut cessé de chanter, on frappa de nouveau à la porte.