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— Et tu les lui as procurés ?

— Votre Grâce peut être tranquille à cet égard. L’un est du comté d’Hexani, et aussi accoutumé à suivre les traces des voleurs des forêts de Tyne et de Teviot, que le limier celles du daim blessé. L’autre est du comté d’York, et a souvent tendu son arc dans les joyeuses forêts de Sherwood : il connaît chaque vallon, chaque bois, soit taillis, soit haute-futaie, qui se trouvent d’ici à Richemond.

— C’est bien. Waldemar part-il avec eux ?

— À l’instant même.

— Quels sont les gens qui l’accompagnent ?

— Le gros Thoresby ; Wetheral, à qui sa cruauté a fait donner le surnom de Stephens Cœur-d’Acier ; et trois hommes d’armes du nord, qui font partie de la bande de Ralph Middleton, et qu’on appelle les Piques de Spyinglaw.

— C’est bien, » répéta le prince ; et après un moment de silence, il reprit : « Bardon, l’intérêt de mon service exige que tu exerces la surveillance la plus stricte sur Maurice de Bracy, de manière cependant à ce qu’il ne s’en aperçoive point. Tu m’instruiras de temps en temps de ses démarches, de ses actions, de ses projets. N’y manque pas, car je t’en rends responsable.

Hugh Bardon s’inclina avec respect, et sortit.

« Si Maurice me trahit, comme sa conduite me porte à le craindre, » dit le prince Jean lorsqu’il fut seul, « je ferai tomber sa tête, Richard tonnât-il aux portes d’York. »


CHAPITRE XXXV.


Il y a moins de danger à exciter la fureur du tigre des déserts d’Hyrcanie, à lutter contre le lion affamé pour lui arracher sa proie, qu’à rallumer le feu mal éteint du sombre fanatisme.
Anonyme.


Revenons maintenant à Isaac d’York. Monté sur une mule dont Locksley lui avait fait présent, et accompagné de deux hommes qu’il lui avait donnés, autant pour le protéger que pour lui servir de guides, il s’acheminait vers la préceptorerie de Templestowe, dans le dessein d’entrer en négociation pour la liberté de sa fille. Cette préceptorerie n’était qu’à une journée de chemin du château