Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des rois saxons. Mais avant que Cedric eût pénétré jusqu’à l’antique salle dans laquelle il avait été lui-même prisonnier, le génie inventif de Wamba était parvenu à se procurer la liberté, ainsi qu’à son compagnon d’infortune.

Quand le tumulte eut fait connaître que l’on était au plus fort du combat, lord du second assaut, le fou se mit à crier de toute la force de ses poumons : « Saint George et le Dragon ! saint George pour l’Angleterre ! le château est à nous ! » et, pour rendre ces cris encore plus effrayants, il frappait l’une contre l’autre deux ou trois vieilles armures rouillées qui se trouvaient suspendues autour de la salle.

Les soldats de garde dans l’antichambre, et qui déjà n’étaient pas exempts d’alarme, furent épouvantés par les cris de Wamba ; et, sans songer à fermer la porte, ils coururent annoncer au templier que l’ennemi avait pénétré dans la vieille salle. Dès lors il ne fut pas difficile aux prisonniers de s’échapper et de descendre dans la cour du château, devenue le théâtre des derniers efforts des combattants.

Là ils reconnurent le fier templier. À cheval, entouré d’une partie de la garnison, cavaliers et fantassins, qui s’étaient ralliés autour de lui, il faisait les plus brillants efforts de valeur pour opérer sa retraite en s’assurant le seul moyen de salut qui restât à lui et aux siens. Le pont-levis avait été baissé par ses ordres, mais le passage était loin d’être libre ; car les archers, qui jusqu’alors s’étaient bornés à lancer leurs flèches contre la porte principale, voyant l’incendie se propager et le pont-levis se baisser, se précipitèrent tous ensemble de ce côté, autant pour repousser la sortie de la garnison que pour s’assurer de leur part de butin avant la ruine totale du château. D’un autre côté, ceux qui étaient entrés par la poterne étaient parvenus jusque dans la cour, et attaquaient avec furie ce petit nombre de braves, qui se trouvaient ainsi pressés des deux côtés à la fois.

Poussé par le désespoir, et encouragé par l’exemple de son intrépide chef, ce faible reste des défenseurs du château combattit avec la plus grande intrépidité ; et, quoique bien inférieurs en nombre aux assaillants, ils réussirent plus d’une fois à les repousser. Rébecca, à cheval devant un des esclaves sarrasins du templier, était au milieu de la petite troupe, et Bois-Guilbert, malgré la confusion occasionée par cette lutte sanglante, veillait sur elle avec la plus grande sollicitude. À tout instant on le voyait à ses côtés, oubliant