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que, pour cette raison, on nommait poignard de merci ; « rends-toi, Maurice de Bracy, secouru ou non secouru, sinon tu es mort.

— Je ne me rendrai pas à un inconnu, » répondit de Bracy d’une voix faible. « Dis-moi ton nom, ou arrache-moi la vie. Jamais on ne dira que Maurice de Bracy a succombé sous les coups d’un rustre et demandé merci. »

Le chevalier Noir lui dit tout bas quelques mots à l’oreille.

« Je m’avoue vaincu, je me reconnais ton prisonnier, secouru ou non secouru, » répondit le Normand, qui au ton de la fierté et de l’obstination fit succéder celui de la plus grande soumission.

— Rends-toi à la barbacane, » lui répondit le vainqueur d’un ton d’autorité, « et attends-y mes ordres.

— Mais auparavant, dit de Bracy, permettez moi de vous dire une chose qu’il vous importe de savoir. Wilfrid d’Ivanhoe est blessé et prisonnier dans ce château : il périra au milieu des flammes s’il n’est promptement secouru.

— Wilfrid d’Ivanhoe prisonnier, blessé, en danger de périr ! s’écria le chevalier Noir. Si un seul cheveu de sa tête est atteint par le feu, je m’en vengerai sur chacun des habitants de ce château. Où est sa chambre ?

— Monte cet escalier tournant que tu vois là-bas, dit de Bracy ; il conduit à son appartement. Veux-tu que je t’y conduise ?

— Non. Va-t’en à la barbacane, et attends-y mes ordres. Je ne me fie pas à toi, de Bracy. »

Pendant ce combat et le court dialogue qui suivit, Cedric, à la tête d’un corps d’archers qui avait traversé le pont aussitôt que la poterne fut ouverte, et parmi lesquels on remarquait l’ermite de Copmanhurst, poursuivait les soldats découragés et désespérés de de Bracy : les uns demandèrent quartier ; d’autres essayèrent, mais en vain, de résister ; la plupart prirent la fuite vers la cour du château.

De Bracy, après s’être relevé, suivit son vainqueur d’un œil dans lequel se peignait la confusion. « Il ne se fie pas à moi, se dit-il à lui-même ; hélas ! me suis-je montré digne de sa confiance ? » Il ramassa son épée, ôta son casque en signe de soumission, et se dirigea vers la barbacane. Ayant rencontré Locksley sur son chemin, il lui remit son épée.

Cependant les flammes faisaient des progrès rapides, et bientôt elles éclairèrent la chambre dans laquelle Rébecca donnait à Ivanhoe les soins les plus empressés. Son assoupissement avait été de