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le bruit de ses éclats de rire. « Est-ce toi, Ulrique ? parle, sorcière, et je te pardonne… Toi seule, ou Satan lui-même, vous êtes capables de rire dans un pareil moment. En arrière ! hors d’ici ! retire-toi !… »

Mais ce serait une impiété de continuer le tableau qu’offrait le lit de mort du blasphémateur et du parricide.


CHAPITRE XXXI.


Encore une fois, mes chers amis, montons à la brèche, ou bien refermons-la avec les cadavres de nos braves… Et vous, valeureux chevaliers, véritables enfants d’Albion, montrez-nous ici de quelle manière vous avez été nourris. Jurons que vous emploierez votre force et votre courage d’une façon digne de vous.
Shakspeare, Henri V.


Quoique Cedric ne comptât pas beaucoup sur la promesse d’UIrique, il ne manqua pas d’en faire part au chevalier Noir et à Locksley, qui furent enchantés d’apprendre qu’ils avaient dans la place un ami qui pouvait au besoin leur en faciliter l’entrée : aussi convinrent-ils bientôt avec le Saxon qu’il fallait tenter l’assaut, quelques désavantages qu’il présentât, et que c’était le seul moyen de délivrer leurs prisonniers des mains du farouche Front-de-Bœuf.

« Le sang royal d’Alfred est en danger, s’écria Cedric.

— L’honneur d’une noble dame est en péril, continua le chevalier Noir.

— Et, par l’image de saint Christophe que je porte à mon baudrier, ajouta Locksley, quand il ne s’agirait que de sauver ce fidèle serviteur, le pauvre Wamba, je risquerais un de mes membres plutôt que de souffrir qu’on touchât à un seul de ses cheveux.

— Et moi également, dit le moine. Or, messieurs, je sais ce que c’est qu’un fou : en bien ! en voyant un fou aussi adroit, aussi habile que celui-là, je me dis que l’on peut boire un verre de vin et manger une tranche de jambon tout en causant avec lui. Oui, mes frères, je vous le dis : un pareil fou ne manquera jamais d’un sage prêtre qui priera pour lui, ni d’un compagnon pour le défendre, tant que je pourrai chanter un Oremus, ou manier une pertuisane. »  Et en par-