Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/278

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Bœuf ; mais que dis-tu, toi, messire prêtre ? nous n’avons pas le temps d’écouter les citations des saints Pères.

Sancta Maria ! » dit le frère en poussant un profond soupir, « comme ces laïques sont prompts à s’emporter ! Mais enfin, braves chevaliers, apprenez que certains brigands, qui ne respirent que le crime, abjurant toute crainte de Dieu et tout respect pour son Église, et sans égard pour la bulle du saint-siège Si quis, suadente diabolo[1]

— Frère prêtre, dit le templier, nous savons, ou du moins nous devinons tout cela. Mais, dis-nous-le tout simplement : ton maître le prieur est-il prisonnier, et de qui ?

— Hélas ! répondit le frère Ambroise, il est entre les mains des brigands qui infestent ces forêts, de ces enfants de Bélial, contempteurs du texte sacré qui dit : « Ne touchez point à mes oints, et ne faites point de mal à mes prophètes. »

— Voici une nouvelle besogne pour nos épées, » dit Front-de-Bœuf en s’adressant à ses compagnons, « et qui tournera à notre avantage. Ainsi donc le prieur de Jorvaulx, au lieu de nous envoyer du secours, nous en fait demander pour lui-même. Comptez donc sur ces fainéants d’hommes d’église ! ils vous tombent sur les bras au moment où le danger est le plus pressant. Mais, voyons, prêtre, dis-nous en deux mots ce que ton maître attend de nous.

— Sous votre bon plaisir, dit Ambroise, des mains sacrilèges ont été portées sur mon révérendissime supérieur, au mépris des saints textes que je viens de citer ; et les enfants de Bélial, après avoir pillé ses malles et ses valises, et en avoir enlevé deux cents marcs d’or pur, lui demandent une rançon considérable. C’est pourquoi le révérend père en Dieu vous prie, comme ses amis les plus chers, de le délivrer de sa captivité, soit en payant la somme exigée, soit en employant la force des armes, suivant que vous aviserez.

— Que le prieur s’adresse au diable pour en être secouru ! dit Front-de-Bœuf. Il faut qu’il ait fait une forte libation ce matin. Où ton maître a-t-il trouvé qu’un baron normand ait jamais dénoué les cordons de sa bourse pour venir au secours d’un homme d’église, dont la bourse est dix fois plus remplie et plus pesante que la sienne ? Et comment pouvons-nous l’aider de nos bras et de nos épées, nous qui sommes renfermés ici par une troupe dix fois plus

  1. Si quelqu’un, à l’instigation de Satan… a. m.