Kent et mes faibles mérites, me mettent en état de le défier, lui ; sa queue et ses cornes. Mais, pour vous initier dans un de mes secrets, mon ami, je ne m’entretiens jamais de pareilles choses qu’après matines. »
Il changea alors de conversation, et tous deux se remirent à boire, à rire et à chanter ; joyeuse récréation qui durait depuis long-temps, lorsque soudain elle fut interrompue par de grands coups que l’on frappait à la porte de l’ermitage.
Pour expliquer la cause de ce bruit, nous allons retourner auprès d’un de nos autres personnages ; car, de même que le vieil Arioste, nous ne nous piquons pas d’accompagner sans cesse ceux de notre drame, et de faire marcher de front leurs diverses aventures.
CHAPITRE XVIII.
Lorsque Cedric le Saxon vit son fils tomber sans connaissance dans l’arène à Ashby, son premier mouvement fut d’ordonner aux gens de sa suite de prendre soin de lui ; mais les paroles qu’il s’efforçait en vain de prononcer expirèrent sur ses lèvres : il ne pouvait prendre sur lui de reconnaître, en présence d’une si nombreuse assemblée, le fils qu’il avait banni et déshérité. Cependant il commanda à Oswald de ne pas perdre Ivanhoe de vue, et de prendre avec lui deux de ses serfs pour le transporter à Ashby dès que la foule se serait écoulée. Oswald fut devancé dans cette œuvre de miséricorde : la foule se dispersa en effet, mais il ne trouva plus le chevalier. Ce fut en vain que l’échanson de Cedric chercha partout son jeune maître : il suivit jusque dans sa tente les traces du sang qui