Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/177

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cerf, et contre lesquels conséquemment peu d’hommes pourraient combattre avec avantage.

— Le bon garde de la forêt, dit l’ermite, m’a permis d’avoir près de moi ces animaux pour protéger ma solitude jusqu’à des temps meilleurs. » Ayant ainsi parlé, il plaça sa torche sur une barre de fer qui servait de candélabre, et jetant un fagot de bois sec sur un foyer presque éteint, il avança près de la table une escabelle sur laquelle il s’assit, en faisant signe au chevalier d’en prendre une autre.

Assis tous deux, ils s’entre-regardèrent quelques instants d’un air grave, chacun pensant en soi-même qu’il avait rarement vu un homme plus vigoureux et plus déterminé que celui qui était en face de lui. « Vénérable ermite, » dit enfin le chevalier, « si je ne craignais de troubler vos pieuses méditations, je vous prierais de me dire, premièrement, où je puis mettre mon cheval ; ensuite ce que vous pouvez me donner pour souper ; enfin, où je trouverai un lit sur lequel je puisse étendre cette nuit mes membres fatigués ?

— Je vous répondrai par signes, dit l’ermite, car ma règle me prescrit d’observer un rigoureux silence, tant que le geste peut suppléer la parole. — Lui indiquant donc successivement deux coins de sa cellule. — Voilà l’écurie, ajouta-t-il, et voilà votre lit. » Prenant ensuite sur une planche un plat contenant deux poignées de pois secs, et le mettant sur la table, « Voici votre souper, » dit-il encore.

Le chevalier haussa les épaules, et, sortant de la hutte, alla chercher son cheval, qu’il avait attaché à un arbre, le dessella, le pansa avec soin, et lui étendit son propre manteau sur le dos. Vraisemblablement l’ermite fut touché des soins que le chevalier prenait de sa monture, car, paraissant se rappeler tout-à-coup que lors de sa dernière visite le garde forestier lui avait laissé quelque peu de fourrage, il passa dans une autre partie de sa cellule, et en rapporta une botte de foin et une bonne mesure d’avoine qu’il plaça devant le cheval ; puis, sortant une seconde fois, il revint avec une brassée de fougère sèche qu’il étendit à l’endroit qu’il avait montré au chevalier comme devant lui servir de lit. Celui-ci le remercia de sa courtoisie ; après quoi tous deux revinrent s’asseoir devant la table, où se trouvait toujours le plat de pois secs. Après un long Benedicite, qui avait été jadis en latin, mais qui n’en conservait nulle trace, à l’exception, çà et là, d’une longue et roulante ter-