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de sa première surprise, il prit à part Waldemar Fitzurse et de Bracy, pour leur communiquer ce fatal billet.

« C’est peut-être une fausse alarme ou une lettre fabriquée, dit le dernier.

— Non, reprit Jean, c’est bien la main et le sceau du roi de France.

— Alors, dit Waldemar, il est temps de rassembler nos partisans, soit à York, soit dans quelque autre ville du centre ; le moindre retard pourrait devenir funeste : Votre Altesse doit donc mettre fin à ces jeux puérils pour s’occuper d’affaires plus sérieuses et plus pressantes.

— Prenons garde de mécontenter les communes, dit de Bracy, ce qui arriverait infailliblement si on les privait de leurs jeux.

— Il me semble, dit Waldemar, que l’on peut tout concilier. Le jour n’est pas encore très avancé ; que la lutte des archers ait lieu sur-le-champ, et que le prix soit adjugé. Le prince aura ainsi rempli ses engagements, et ôté à ce troupeau de serfs saxons tout sujet de se plaindre.

— Je te remercie, Waldemar, dit le prince Jean ; tu me fais souvenir aussi que j’ai une dette à acquitter envers cet insolent archer qui hier a insulté notre personne. Le banquet aura lieu ce soir, ainsi que nous l’avons décidé. Quand ce serait la dernière heure de mon autorité, je veux la consacrer à la vengeance et au plaisir. Au jour de demain nos nouveaux soucis. «

Le son des trompettes ramena bientôt les spectateurs, qui déjà commençaient à s’éloigner, et les hérauts d’armes proclamèrent que le prince, rappelé tout-à-coup par de hauts et puissants intérêts publics, serait obligé de renoncer aux fêtes du lendemain ; que cependant, ne voulant pas priver tant de braves yeomen du plaisir de déployer devant lui leur adresse, il avait décidé que les jeux indiqués pour le jour suivant se célébreraient à l’instant même ; que le prix du vainqueur devait être un cor de chasse monté en argent, un superbe baudrier en soie, et un médaillon de saint Hubert, patron des jeux champêtres.

Plus de trente yeomen se présentèrent d’abord en qualité de compétiteurs ; la plupart étaient des gardes forestiers et des sous-gardes des chasses royales de Needwood et de Charnwood. Cependant lorsqu’ils se furent mutuellement reconnus et qu’ils virent à quels antagonistes ils auraient affaire, plus de vingt se retirèrent volontairement, pour ne pas s’exposer à la honte d’une défaite presque