connaissance de celle des voleurs, au métier desquels une semblable vertu paraît si étrangère. Le cours de ses réflexions sur des événements aussi singuliers fut néanmoins interrompu par la nécessité de goûter quelque repos que réclamaient les fatigues du jour précédent, et le besoin de se préparer au combat du lendemain. Il se mit donc sur une superbe couche dont sa tente était pourvue, et le fidèle porcher s’étendit sur une peau d’ours qui formait une sorte de tapis à l’entrée du pavillon, de manière que personne n’eût pu s’y introduire sans l’éveiller.
CHAPITRE XII.
Le jour reparut dans tout son éclat ; et avant que le soleil se fût un peu élevé sur l’horizon, les plus tardifs comme les plus empressés des spectateurs étaient accourus de toutes parts vers le cercle tracé autour de la lice, afin de s’assurer le poste le plus favorable pour voir les joutes qui allaient commencer. Les maréchaux du tournoi arrivèrent bientôt dans l’arène, suivis des hérauts d’armes, pour recevoir les noms des chevaliers qui se présenteraient pour combattre, et leur demander sous quel étendard ils voulaient se ranger. C’était une précaution nécessaire pour établir l’égalité entre les deux corps qui devaient être opposés l’un à l’autre.
Suivant l’usage, le chevalier déshérité, qui avait triomphé dans le dernier tournoi, devenait de droit le chef d’une des deux troupes, tandis que Brian de Bois-Guilbert, regardé comme celui qui,