Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nière suivante l’historien de son petit-fils à elle, le grand comte de Stair :

« Elle arriva à un âge très-avancé, et à sa mort elle exprima le désir qu’on ne l’ensevelît point sous la terre, mais que l’on mît sa bière debout dans un coin, promettant que tant qu’elle resterait dans cette situation, la prospérité des Dalrymple n’éprouverait pas d’interruption. Quel fut le motif de la vieille lady pour exprimer un vœu pareil, ou fit-elle réellement une semblable promesse ? Je ne prendrai pas sur moi de le décider ; mais il est certain que sa bière est demeurée debout dans une aile de l’église de Kirkliston, lieu de sépulture de la famille[1]. » Beaucoup de membres de cette famille accomplie eurent assez de talents pour arriver à de hautes dignités, sans aucun secours étranger. Mais leur prospérité extraordinaire fut accompagnée de plusieurs malheurs privés, notamment celui qui tomba sur la fille aînée, lequel fut aussi étonnant que mélancolique.

Miss Jeannette Dalrymple, fille du premier lord Stair et de dame Marguerite Ross, avait, à l’insu de ses parents, engagé sa foi à lord Rutherford, qui ne pouvait être agréé par eux, tant à cause de ses principes politiques qu’à cause de son manque de fortune. Le jeune couple rompit une pièce d’or et jura solennellement, en en gardant un fragment chacun, de rester unis l’un à l’autre ; on assure que la jeune lady appela sur elle les maux les plus terribles si elle venait à violer son serment. Peu de temps après, un prétendant, favorisé par lord Stair, et plus encore par la dame de ce comte, fut présenté à miss Dalrymple. La jeune lady refusa son hommage, et, pressée à cet égard, elle avoua son engagement secret. Lady Stair, femme accoutumée à une soumission absolue de la part de ceux qui l’entouraient, car son mari lui-même n’eût point osé la contredire, traita cette objection de bagatelle, et insista pour que sa fille consentît à épouser le nouveau prétendant, David Dunbar, fils et héritier de David Dunbar de Baldoon, comte de Wigton. Le premier aspirant, homme d’un esprit élevé et plein de résolution, intervint par lettre, insistant sur le droit qu’il avait acquis par sa foi jurée, de concert avec la jeune lady. La comtesse répondit que sa fille, convaincue d’avoir agi contrairement à ses devoirs, en contractant un engagement non sanctionné par sa famille, avait rétracté un vœu illégitime et refusait maintenant de tenir sa promesse envers lui.

  1. Mémoires de John comte de Stair, par une main impartiale. a. m.