Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/71

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et c’est ainsi que nous faisions avant la révolution : Luitur cum persona qui luere non potest cum crumena[1]. Bon latin de jurisprudence, n’est-ce pas, milords ? — Je ne vois pas, reprit le marquis, quel motif pourrait avoir aucun noble lord de pousser cette affaire plus loin ; laissons au lord Keeper la faculté d’agir comme il lui plaira. — Convenu, convenu ; renvoyé au lord Keeper, en lui adjoignant toute autre personne, pour la forme…, lord Hirplehooly[2], qui ne peut quitter son lit… ; un seul suffira pour prendre une délibération[3].

Tenez-en note sur vos registres, monsieur le greffier. » Et maintenant, milords, nous avons à décider sur l’amende de ce jeune dissipateur, le laird de Bucklaw ; je pense qu’elle doit être versée entre les mains du lord trésorier. — Honte à mon sac de farine d’avoine ! s’écria lord Turntippet, et que votre main soit toujours dans le même sac ! J’avais marqué cela pour ma bouche entre mes repas. — Pour me servir d’un de vos dictons favoris, milord, répliqua le marquis, vous êtes comme le chien du meunier, qui se lèche le museau avant que le sac soit délié ; l’amende n’est pas encore prononcée. — Mais il n’en coûtera que deux traits de plume, dit lord Turntippet, et cependant il n’y a pas un noble lord qui ose dire que moi, qui ai montré toute la complaisance qu’on m’a demandée, qui ai prêté tous les serments exigés, abjuré tout ce qui devait être juré, pendant les trente années qui viennent de s’écouler, fermement attaché par mon devoir à l’état, à travers ma bonne ou ma mauvaise réputation, je n’aie pas droit à avoir de temps à autre quelque chose pour me rafraîchir la bouche après une carrière aussi sèche. — Ce serait assurément bien déraisonnable de notre part, milord, répliqua le marquis, si nous avions pensé que votre soif pût être apaisée, ou si nous avions observé qu’il y eût quelque chose qui nous tenait au gosier et qui avait besoin qu’on le fît descendre. »

Mais nous tirons le rideau sur la séance d’un conseil privé, comme on en tenait à cette époque.

  1. Celui qui ne peut payer de sa bourse paie de sa personne. a. m.
  2. C’est à dire ; « Lord qui marche mal, avec peine et lentement. » a. m.
  3. Satire mordante contre l’abus qui règne dans les commissions judiciaire en Écosse, où un seul magistrat délibère quelquefois pour tous ses collègues absents, mais censés présents. a. m.