Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/550

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

auxquels il est impossible de rien comprendre. Je crois pour ma part que ces montagnards ne valent guère mieux que des païens ; et je vous avoue que j’ai même été très-scandalisé de la manière dont, il y a deux jours, mon ancien ami Ranald a jugé à propos de battre en retraite et de sonner sa dernière marche. »

Dans la situation d’esprit où était Menteith, il se trouvait disposé à tout voir sous un point de vue riant : la plainte du major l’amusa beaucoup. Lui montrant un ajustement de peau de buffle étendu sur le parquet, il le pria de l’accepter. « J’avais l’intention de le prendre pour habit de noces, comme le moins effrayant de tous mes accoutrements de guerre, lui dit-il, mais je suis heureux de vous l’offrir. »

Sir Dugald opposa la formule de résistance, en l’assurant que pour tout au monde il ne voudrait pas l’en priver ; et puis il lui vint à l’esprit qu’il serait beaucoup plus conforme aux règlements militaires que le comte se mariât revêtu de son armure. Il se souvenait d’avoir vu porter ce costume au prince Léon Wittlesbach, lorsqu’il épousa la plus jeune fille du vieux George Frédéric de Saxe, mariage qui avait été célébré sous les auspices du vaillant Gustave-Adolphe, le Lion du Nord. Le jeune comte se mit à rire, et lui promit de garder ce costume guerrier. Certain alors que le major assisterait à son mariage avec une physionomie joyeuse, il se revêtit lui-même d’une cuirasse légère, élégamment ornée, cachée par un manteau de velours et par une large écharpe de soie bleue qu’il portait sur l’épaule selon son rang et la mode du temps.

Tout étant prêt, il avait été convenu que, conformément aux coutumes du pays, les deux époux ne se reverraient qu’au pied de l’autel. L’heure fixée pour la cérémonie avait déjà sonné, et Menteith, arrivé le premier, attendait avec impatience, dans une pièce attenante à la chapelle, Montrose qui devait lui servir de père, une affaire subite ayant réclamé sa présence à l’armée, lorsque la porte de l’appartement s’ouvrit.

« Vous arrivez bien tard à la parade, s’écria-t-il en plaisantant, — Beaucoup trop tôt peut-être, répondit Allan en se présentant devant lui. Menteith, défendez-vous comme un homme, ou mourez comme un chien ! — Vous êtes fou, Allan », répondit Menteith étonné de son apparition subite, et de la fureur inexprimable empreinte sur tous ses traits ; ses joues étaient livides, ses yeux sortaient de leurs orbites, ses lèvres étaient couvertes d’écume, et ses gestes étaient ceux d’un démoniaque.