Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/548

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compliment d’étiquette, et je devais, sans présomption, m’attendre à être consulté. Je souhaite, ajouta-t-il, beaucoup de bonheur à mon parent Menteith, personne ne lui en souhaite plus que moi ; mais je dois dire qu’il a agi dans cette affaire avec un peu trop de précipitation. Les sentiments d’Allan pour Annette n’étaient ignorés de personne ; et je ne vois pas pourquoi les droits primitifs qu’il avait à sa reconnaissance ont été mis de côté, sans avoir été au moins l’objet d’une discussion préalable. »

Montrose, ne voyant que trop bien où il voulait en venir, engagea Mac-Aulay à écouter la raison, et à considérer lui-même s’il y avait quelque probabilité que le chevalier d’Ardenvohr se décidât à accorder la main de son unique héritière à Allan, dont les accès de sombre mélancolie, bien qu’il possédât d’ailleurs une foule de qualités excellentes, faisaient trembler tous ceux qui l’approchaient.

« Milord, dit Angus Mac-Aulay, mon frère Allan a, comme tous ses semblables, des défauts et des qualités : mais il est l’homme le plus brave et le meilleur soldat de votre armée ; or il méritait que Votre Excellence, que son proche parent, et que cette jeune personne qui doit tout à lui et à sa famille, eussent pour lui un peu plus d’égards, surtout dans une affaire où il s’agissait de son propre bonheur. »

Ce fut en vain que Montrose s’efforça de lui faire envisager la chose sous un point de vue différent ; Angus persista dans ce qu’il avait dit, car il était un de ces esprits opiniâtres qu’il est impossible de dissuader quand ils ont une fois adopté un préjugé. Montrose éleva alors le ton un peu plus haut, et lui recommanda de se garder de nourrir au fond de son cœur aucun sentiment préjudiciable aux intérêts de Sa Majesté. Il lui déclara qu’il désirait surtout qu’Allan ne fût point interrompu dans la mission qu’il remplissait en ce moment ; « mission, ajouta-t-il, aussi honorable pour lui, qu’elle peut être avantageuse à la cause royale. » Il espérait donc que son frère, dans ses communications avec lui, ne l’entretiendrait d’aucun autre objet, et n’éveillerait dans son esprit aucune pensée qui pût le détourner de la négociation importante dont il était chargé.

Angus répondit avec un peu d’aigreur qu’il n’était point un brandon de discorde, et qu’au contraire il était très-disposé à jouer le rôle de pacificateur ; qu’au surplus, son frère savait ce qu’il avait à faire lorsqu’il se croyait offensé, « Quant à la ma-