Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/545

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Il rappela à Montrose que le chevalier d’Ardenvohr n’était un fanatique ni en politique ni en religion. Il fit valoir son zèle reconnu pour la cause royale, et fit entendre que cette cause ne pouvait que gagner à son union avec l’héritière d’Ardenvohr. Il s’appesantit sur le triste état où la blessure de sir Duncan l’avait réduit, et sur le danger qu’il y avait à laisser cette jeune fille retourner dans le pays des Campbells, où si elle venait à perdre son père, elle serait nécessairement placée sous la tutelle d’Argyle ; événement qui ne pouvait manquer de détruire toutes les espérances de Menteith, à moins qu’il ne consentît à acheter la faveur du marquis en abandonnant le parti du roi.

Montrose sentit la force de ces arguments, et avoua que, bien que la chose présentât de grands obstacles, elle lui semblait compatible avec les intérêts du roi, et qu’il était même bon que ce mariage fût conclu le plus promptement possible.

« Je voudrais, dit-il, que tout cela fût conclu, et que cette belle Briséis fût éloignée du camp avant le retour de notre Achille, Allan Mac-Aulay. Je crains de ce côté quelque événement funeste, Menteith, et je crois qu’il vaudrait peut-être mieux que l’on renvoyât sir Duncan sur parole ; je vous chargerais de l’escorter, lui et sa fille, jusqu’à son château. Le voyage peut se faire par eau ; sa blessure ne souffrira pas du voyage ; et la vôtre, mon ami, sera une excuse honorable pour votre absence du camp. — Jamais ! dit Menteith ; dussé-je perdre toutes les espérances qui luisent à mes yeux, jamais je ne quitterai le camp de Votre Excellence, tant que l’étendard royal y sera déployé : je mériterais que la gangrène se mît à cette légère égratignure et me dévorât le bras, si j’étais capable d’en faire un prétexte pour m’absenter dans un pareil moment. — Votre détermination est-elle bien arrêtée ? — Elle est aussi ferme que le Ben-Nevis. — Vous devez donc, sans perdre de temps, vous expliquer avec le chevalier d’Ardenvohr. Si sa réponse vous est favorable, je parlerai moi-même à l’aîné des Mac-Aulay, et nous imaginerons un moyen d’éloigner son frère de l’armée, jusqu’à ce qu’il ait pris son parti. Plût au ciel que quelque vision assez belle descendît sur son esprit pour en effacer le souvenir d’Annette ! Sans doute vous ne croyez pas cela possible, Menteith. Mais reprenons chacun notre service ; vous celui de Cupidon, et moi celui de Mars. »

Ils se séparèrent, et, conformément au plan concerté entre eux, Menteith, le lendemain matin, dans un entretien particulier qu’il