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fants, mais qu’on n’avait pu découvrir ceux du quatrième. D’autres circonstances à l’appui de celles-ci, et qu’il est inutile de rapporter, donnèrent l’intime conviction non seulement à sir Duncan et à Menteith, mais encore à Montrose entièrement désintéressé dans cette affaire, qu’Annette Lyle, jusqu’alors dans une position si humble, si dépendante, et distinguée seulement par sa beauté et ses talents, devait à l’avenir être regardée comme l’héritière d’Ardenvohr.

Pendant que Menteith se hâtait de rendre compte du résultat de son enquête aux personnes qui y étaient le plus intéressées, Ranald demandait à voir son jeune fils.

« On le trouvera, dit-il, sous le hangar où l’on m’avait déposé d’abord. »

Effectivement, après l’avoir cherché inutilement pendant quelques instants, on trouva le jeune sauvage blotti dans un coin sous de la paille. Il fut conduit à son père.

« Kenneth, lui dit le proscrit, écoute les dernières paroles de ton père : un soldat saxon et Allan à la main sanglante ont quitté le camp il y a quelques heures pour se rendre dans le pays de Caberfae ; cours à leur suite comme le limier après le cerf blessé, traverse les lacs à la nage, gravis les montagnes, parcours les forêts, et ne t’arrête pas que tu ne les aies rejoints. »

À mesure que Ranald parlait, la physionomie du jeune garçon devenait plus sombre et plus farouche, et il porta sa main sur un poignard caché dans la ceinture de cuir qui retenait les lambeaux de son plaid.

« Non, répondit le vieillard ; ce n’est pas ta main qui doit le frapper. Il te demandera des nouvelles du camp. Tu lui diras qu’Annette Lyle vient d’être reconnue pour la fille de Duncan d’Ardenvohr ; que le comte de Meinteith doit l’épouser à la face des autels, et que tu es envoyé pour l’inviter à leurs noces. N’attends pas sa réponse, mais disparais avec la rapidité de l’éclair. Pars à l’instant, enfant chéri ! je ne pourrai plus contempler tes traits, je n’entendrai plus le bruit de ta course légère. Mais non, reste et écoute les derniers avis de ton vieux père : souviens-toi du destin de notre race et conserve religieusement les mœurs antiques des Enfants du Brouillard ; nous ne sommes plus aujourd’hui qu’une bande errante, chassée de toutes les vallées par l’épée des clans qui se sont emparés des possessions où leurs ancêtres coupaient le bois et tiraient l’eau pour les nôtres. Mais dans