Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/540

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je recueillerai moi-même ses déclarations et les preuves de ce qu’il affirme. Sir Dugald Dalgetty consentira-t-il à me prêter son assistance ? — Avec plaisir, milord, répondit le major ; je ferai tout ce qui pourra vous être agréable. Personne n’est plus en état que moi de vous seconder dans cette affaire, car j’ai entendu raconter toute cette histoire au château d’Inverary, il y a un mois. Mais des prises de châteaux comme celui d’Ardenvohr restent peu dans ma mémoire, occupée de sujets beaucoup plus importants. »

À cette déclaration si franche et si brusque que Dalgetty faisait en quittant l’appartement, lord Menteith lui lança un regard de colère et de mépris auquel le digne major, très-convaincu de son propre mérite, ne fit aucune attention.






CHAPITRE XXII.

mort de ranald.


Je suis aussi libre que la nature fit l’homme avant que l’on eût institué les lois avilissantes de la servitude, et que le noble et fier sauvage eût cessé d’être le maître de ses forêts vierges.
Dryden, La prise de Grenade.


Ainsi qu’il s’en était chargé, le comte de Menteith procéda sur-le-champ à l’interrogatoire de Ranald ; et, pour s’assurer de la fidélité des détails recueillis, il fit venir les deux montagnards qui avaient servi de guides sous les ordres de leur chef. Ces diverses déclarations furent soigneusement comparées avec toutes les circonstances relatives à la destruction du château et de la famille de sir Duncan, qui, on le croit aisément, n’avait rien oublié de ce qui avait le moindre rapport à un événement aussi terrible. Il était du plus grand intérêt de s’assurer que cette histoire n’était pas une invention du proscrit pour faire passer un des siens pour l’enfant et l’héritier d’Ardenvohr.

Menteith, si vivement intéressé à ajouter foi à ces aveux, n’était peut être pas la personne la plus propre à examiner cette affaire d’une manière impartiale ; mais les Enfants du Brouillard répondirent avec tant de simplicité et d’exactitude, leurs divers rapports coïncidèrent si bien les uns avec les autres, qu’on ne put plus mettre en doute leur véracité. Enfin, on se rappela un signe bien connu que la fille de sir Duncan portait sur l’épaule gauche, et Annette en avait un semblable. On se souvint aussi que lors de l’incendie du château on avait retrouvé les restes de trois en-