Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/539

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on le paiera. Que donneriez-vous, chevalier d’Ardenvohr, pour apprendre que tous vos jeunes ont été superflus, et qu’il existe encore un rejeton de votre famille ? J’attends votre réponse : sans cela, je ne dis plus un mot. — Je pourrais… » dit sir Duncan agité par le doute, l’inquiétude et la haine, « je pourrais… Mais non, je connais ta race ; elle descend du Grand Ennemi, et ne se compose que de menteurs et d’assassins. Si pourtant ce que tu dis est vrai, je pourrais presque te pardonner les outrages et tous les maux que tu m’as faits. — Vous l’entendez ! s’écria Ranald ; c’est s’engager beaucoup pour un fils de Diarmid. Et vous, jeune comte, on dit dans le camp que vous donneriez votre sang et vos biens pour acquérir la certitude qu’Annette Lyle n’est pas l’enfant d’un proscrit, et qu’elle est issue d’une famille aussi noble que la vôtre. Eh bien, si je vous la donne, cette assurance, sachez que ce n’est pas par affection pour vous. Il fut un temps où j’aurais échangé ce secret contre la liberté ; mais il s’agit maintenant de ce qui m’est plus cher que la liberté et la vie. Annette Lyle, je le déclare ici, est le dernier enfant du chevalier d’Ardenvohr, le seul qui ait survécu, le seul qui ait été arraché aux flammes et à la mort qui ont dévoré toute sa famille. — Cet homme dit-il la vérité ? » s’écria Annette dans une sorte d’égarement, « ou bien ce que j’entends n’est-il qu’une illusion mensongère ? — Jeune fille, répondit Ranald, si tu avais vécu plus long-temps parmi nous, tu saurais mieux distinguer les accents de la vérité. Mais je donnerai à ce comte saxon ainsi qu’au chevalier d’Ardenvohr des preuves capables de convaincre l’incrédulité même. Maintenant retire-toi. J’ai aimé ton enfance : je ne hais pas ta jeunesse : quel est l’œil qui se détourne de la rose dans l’éclat de sa fraîcheur, bien qu’elle ait fleuri sur une épine ? Ce n’est que pour toi seule que j’éprouve quelque regret de ce qui ne peut manquer d’arriver bientôt… Mais celui qui veut se venger de son ennemi ne doit pas s’inquiéter si l’innocence sera ensevelie ou non sous les ruines. — Il a raison, Annette, dit lord Menteith ; au nom du ciel, retirez-vous. S’il a dit la vérité, sir Duncan et vous-même vous n’êtes pas préparés à un bonheur si inattendu. — Si j’ai retrouvé un père, dit Annette, je ne m’en séparerai pas ! non je ne m’en séparerai pas dans ce moment si doux et si douloureux tout ensemble. — Qui que vous soyez, jeune fille, répliqua sir Duncan, vous trouverez toujours un père en moi. — Alors, dit Menteith, je vais faire transporter Mac-Eagh dans l’appartement voisin de celui-ci, et