Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/536

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chose pour vous obliger, attendu que vous avez reçu cette blessure pendant que vous étiez sous ma sauvegarde. J’ai donc, en conséquence de votre instante prière, été chercher miss Annette Lyle, pour la conduire près du chevalier d’Ardenvohr, dont la blessure réclame ses soins, quoique je ne puisse comprendre en quoi cela peut vous intéresser si fort. Je crois vous avoir entendu parler autrefois de quelque relation de parenté entre eux ; mais un soldat comme moi a autre chose à penser qu’à des généalogies de montagnards. »

Et en vérité, pour rendre au digne major la justice qui lui est due, il faut dire que jamais il ne s’inquiétait, ne s’informait, ni ne se souvenait des affaires des autres, à moins qu’elles n’eussent quelque rapport à l’art militaire ou qu’elles ne fussent liées de quelque manière avec son intérêt personnel ; et dans l’un ou l’autre de ces deux cas, sa mémoire était très fidèle.

« Maintenant, mon bon ami du Brouillard, dit-il, pouvez-vous me dire ce qu’est devenu votre jeune fils qui promettait tant ? je ne l’ai pas revu depuis qu’il m’a aidé à me désarmer après la bataille : une telle négligence mériterait l’estrapade. — Il n’est pas loin d’ici, répondit le blessé ; mais gardez-vous de lever le bras sur lui ; car il est homme à payer une aune de courroie par douze pouces d’acier bien trempé et bien affilé. — Voilà une bravade fort inconvenante, reprit sir Dugald ; mais, comme je vous ai quelque obligation, Ranald, je la laisserai passer inaperçue. — Eh bien, si vous croyez me devoir quelque chose, poursuivit le proscrit, vous pouvez vous acquitter envers moi, en m’accordant une faveur que j’ai à vous demander. — Ami Ranald, répondit le major, j’ai lu quelque part des histoires de ces promesses faites trop à la légère, et qui ont coûté cher aux imprudents chevaliers qui les avaient faites. Il est beaucoup plus sage, Ranald, de ne pas faire de promesses avant de savoir préalablement de quoi il s’agit, afin de ne s’engager à rien qui puisse nous devenir préjudiciable. C’est ainsi que j’en agirai avec vous. Peut-être désirez-vous que j’invite notre chirurgien femelle à venir visiter votre blessure ; mais considérez que le peu de propreté de l’appartement où l’on vous a déposé est capable de souiller la fraîcheur de ses vêtements, et vous devez avoir observé que les femmes sont extraordinairement soigneuses de leur toilette. Je perdis jadis les bonnes grâces de la femme du grand-pensionnaire d’Amsterdam pour avoir touché de la semelle de ma botte la queue de sa robe de velours