Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/517

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dés par Colkitto : ils formaient le corps de réserve. Au milieu d’eux étaient l’étendard royal et Montrose en personne. Sur les flancs, sous les ordres de Dalgetty, étaient environ cinquante hommes de cavalerie, qu’on était parvenu, non sans peine, à équiper d’une manière assez passable.

L’aile droite des royalistes était conduite par Gengary, l’aile gauche par Lochiel, et le centre par le comte de Menteith, qui préférait combattre à pied sous le costume montagnard, plutôt que de rester avec la cavalerie.

Les Highlanders, après s’être répandus dans la plaine avec cette ardeur qui les caractérise, firent feu et lancèrent leurs flèches à quelque distance sur les Campbells, qui reçurent vaillamment leurs premiers coups. Mieux pourvus d’armes à feu, et rangés dans un état d’immobilité qui leur permettait de viser avec plus de justesse, le feu de ceux-ci fut bien plus meurtrier que celui de leurs ennemis. Les clans de Montrose, s’apercevant de leur désavantage, se précipitèrent sur leurs adversaires, et parvinrent sur deux points à semer la confusion et le désordre dans leurs rangs. Avec des troupes régulières, c’en eût été assez pour décider la victoire en leur faveur ; mais ici Highlanders combattaient contre Highlanders, et la nature des armes ainsi que l’agilité de ceux qui les maniaient étaient égales de part et d’autre.

On se battait de part et d’autre en désespérés ; et au cliquetis des sabres et des haches qui se croisaient, s’entrechoquaient et tombaient sur les boucliers, se mêlaient des cris brefs, farouches aigus dont les montagnards accompagnent ordinairement toute action violente. Une foule de combattants, qui se connaissaient personnellement, cherchaient à se rencontrer, soit par des motifs de haine particulière, soit par un sentiment plus noble d’émulation et de valeur. Aucun des deux partis n’était disposé à céder un pouce de terrain ; la place de chaque soldat qui tombait (et ils tombaient avec une rapidité effrayante de part et d’autre) était aussitôt remplie par d’autres qui se précipitaient en foule pour vaincre ou mourir au premier rang une vapeur semblable à celle qui s’élève d’une chaudière d’eau bouillante était comme suspendue sur la tête des combattants.

Telle était la situation à la droite et au centre des deux armées ; sans qu’il en fût résulté jusque-là d’autre conséquence que la perte d’un grand nombre d’hommes de chaque côté.

Cependant, sur la droite des Campbells, le chevalier d’Arden-