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« Il vaut mieux qu’il en soit ainsi, » se dit-il à lui-même, en s’efforçant de dévorer son chagrin : « mais, dans tous ces nobles ancêtres, je n’en connais pas un qui aurait consenti à abandonner le champ de bataille tant que la bannière de Diarmid était déployée dans la plaine. »

Un cri de guerre qui s’éleva en ce moment le força à se retourner et à rejoindre précipitamment son poste, qui était sur l’aile droite de l’armée d’Argyle.

La retraite du marquis d’Argyle n’avait pas échappé à l’attention de l’ennemi, qui, occupant une hauteur, pouvait facilement distinguer tout ce qui se passait dans la plaine. En voyant trois ou quatre cavaliers se retirer vers l’arrière-garde, on en conclut que c’étaient des chefs supérieurs.

« Ils vont sans doute, en prudents cavaliers, dit Dalgetty, mettre leurs chevaux hors de danger. Je vois là-bas sir Duncan Campbell monté sur un cheval bai-brun que j’ai déjà remarqué, et sur lequel j’ai jeté mon dévolu. — Vous êtes dans l’erreur, major, » dit Montrose avec un sourire ironique ; « c’est leur précieux chef qu’ils viennent de mettre à l’abri du danger. Qu’on donne à l’instant le signal de l’attaque… faites passer le mot d’ordre dans les rangs… Glengary, Keppoch, Mac Vourigh, fondez sur eux… Major Dalgetty, courez dire à Mac Ilduy de charger au nom de son affection pour le Lochaber, et revenez sur-le-champ ranger votre cavalerie autour de mon étendard. Avec les Irlandais, elle servira de corps de réserve. »






CHAPITRE XIX.

la bataille.


Tel qu’un rocher qui voit venir à lui mille vagues leur résiste, ainsi Inisfail rencontra Lochlin.
Ossian.


Les trompettes et les cornemuses, ces bruyants avant-coureurs du carnage et de la mort, donnèrent ensemble le signal de l’attaque, signal auquel répondirent à l’instant les cris de plus de deux mille guerriers et les échos de toutes les montagnes voisines. Divisés en trois corps ou colonnes, les montagnards de l’armée de Montrose s’élancèrent hors des défilés qui jusqu’alors les avaient cachés à leurs ennemis, et se précipitèrent avec impétuosité sur les Campbells, qui les attendaient de pied ferme. Derrière ces colonnes chargées de l’attaque marchaient les Irlandais comman-