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nétrer. Enfin, d’après la marche rapide de l’armée de Montrose, son avant-garde et les avant-postes d’Argyle furent bientôt en présence ; après avoir échangé quelques flèches et quelques coups de mousquet, ils se replièrent chacun sur le centre de leur armée, pour transmettre les nouvelles et prendre les ordres de leurs chefs respectifs.

Sir Duncan Campbell et Auchenbreck montèrent aussitôt à cheval, pour visiter les avant-postes et examiner leur position ; et le marquis d’Argyle soutint dignement son caractère de commandant en chef, par la manière habile dont il fit ranger ses forces dans la plaine pour éviter d’être surpris ; car il devait s’attendre maintenant à être attaqué pendant la nuit ou le lendemain matin au plus tard.

Montrose avait tenu ses troupes cachées si soigneusement dans les défilés des montagnes, que toutes les tentatives que firent Auchenbreck et Ardenvohr pour obtenir quelque connaissance de ses forces furent infructueuses. Ils calculèrent cependant, autant qu’il leur fut possible de le faire, qu’elles devaient être inférieures aux leurs, et ils revinrent informer Argyle du résultat de leurs observations. Mais celui-ci se refusa à croire que Montrose lui-même fût en si présence. — Ce serait, dit-il, une folie dont James Graham, tout présomptueux qu’il soit, est incapable ; et il ne mettait nullement en doute que ceux qui, en ce moment, cherchaient à entraver sa marche, ne fussent leurs anciens ennemis, les Glenco, les Reppoch et les Glengary, et peut-être aussi Mac Vourigh avec ses Mac Phersons[1] ; mais toutes leurs forces réunies étaient encore de beaucoup inférieures à son armée, et il était sûr de les disperser bientôt par la force, ou de les forcer à capituler.

Les troupes d’Argyle étaient remplies d’ardeur et de courage, et n’attendaient que le moment favorable de se venger des désastres que leur pays venait d’éprouver. La nuit s’écoula trop lentement au gré de leur impatience. Les avant-postes de chaque armée se tinrent réciproquement sur leurs gardes ; et les soldats d’Argyle dormirent dans l’ordre de bataille fixé pour le combat terrible qui allait avoir lieu.

À peine une pâle clarté commençait-elle à colorer le sommet de ces immenses montagnes, que les chefs des deux armées se préparèrent à l’attaque. C’était le 2 février 1645-6. Les troupes d’Argyle étaient rangées sur deux lignes, non loin de l’angle formé par la rivière et le lac ; et elles présentaient un aspect aussi formidable

  1. C’est ici un nom collectif ; voilà pourquoi il prend la marque du pluriel. a. m.