Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/511

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habitants des montagnes voisines du théâtre de la guerre, envoyèrent la croix de feu à leurs vassaux, afin de sommer quiconque serait en état de porter les armes de se joindre à l’armée du lieutenant du roi, et de venir se ranger sous les étendards de leurs chefs respectifs, aussitôt qu’ils se mettraient en marche pour Inverlochy. Ces ordres furent exécutés avec autant d’empressement et de joie qu’ils furent donnés avec énergie. Leur amour pour la guerre, leur zèle pour la cause royale (car ils considéraient le roi comme un chef que les hommes de son clan avaient abandonné), leur soumission aveugle envers leurs chefs, attirèrent dans l’armée de Montrose non-seulement tous les Highlanders des environs qui étaient en état de porter les armes, mais plusieurs même qui, par leur âge du moins, pouvaient être dispensés de partager les fatigues de la guerre.

Le jour suivant on se mit en marche ; et tandis qu’il traversait les montagnes du Lochaber, sans que l’ennemi fût aucunement informé de ses mouvements, Montrose eut la satisfaction de voir son armée se grossir successivement par des bandes de montagnards qui, sortant de toutes les vallées, venaient se ranger sous les bannières de leurs chefs respectifs. Cette circonstance fut un encouragement puissant pour les troupes de Montrose qui, au moment où elles arrivèrent en présence de l’ennemi, se trouvèrent augmentées de près d’un tiers, ainsi que l’avait prédit le vaillant chef des Camerons.

Tandis que Montrose exécutait cette contre-marche, Argyle, à la tête de sa vaillante armée, s’avançait par le côté méridional du Loch-Eil, et atteignait les rives du Lochy, rivière qui unit le lac de ce nom au Loch-Eil. L’ancien château d’Inverlochy, jadis forteresse royale, à ce que l’on prétend, et qui était alors, bien que démantelé, une place de quelque importance, offrait un quartier-général assez convenable, et il fit camper son armée autour de ce château, dans une vallée de quelque étendue au fond de laquelle les deux lacs se réunissent. Plusieurs[1] barges, chargées de provisions, avaient suivi l’armée, de manière que les troupes étaient, sous tous les rapports, aussi commodément campées qu’elles pouvaient le désirer. Le marquis, dans une conférence qu’il eut avec Auchenbreck et Ardenvohr, leur exprima la conviction que Montrose n’était qu’à deux doigts de sa perte ; ses forces diminuaient à mesure qu’il s’enfonçait dans ces che-

  1. Bateaux de transport, espèces de petits coches. a. m.