Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/506

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une barque, que ce chef échappa à la mort ou à la captivité. Mais tout le poids du châtiment auquel Argyle était destiné retomba sur son pays et sur son clan ; et les ravages commis par Montrose dans cette malheureuse contrée, bien que trop d’accord avec l’esprit du siècle et les mœurs de ce peuple, sont considérés comme une tache ineffaçable qui ternit l’éclat de ses grandes actions et son beau caractère.

Cependant Argyle s’était hâté de fuir vers Édimbourg, pour porter ses plaintes devant la Convention des États. Le général Baillie, officier presbytérien rempli de talent et de zèle, reçut ordre de lever une armée considérable ; on lui en confia le commandement et on lui adjoignit le célèbre sir John Urrie, officier de fortune, qui, comme Dalgetty, avait déjà deux fois changé de parti pendant la guerre civile, et qui se disposait à en changer une troisième avant la fin de la campagne. Argyle, transporté d’indignation, s’occupa avec activité de rassembler ses troupes, afin de se venger de son ennemi mortel. Il établit son quartier général à Dumbarton, où il fut bientôt rejoint par des forces considérables, composées principalement d’hommes de son clan et de ses vassaux. Là Baillie et Urrie vinrent le joindre à la tête d’une armée formidable, régulière et bien disciplinée. Rassuré par ces forces imposantes, et plein d’espoir, il se prépara à se mettre en marche pour le comté d’Argyle, et à châtier l’ennemi qui osait envahir le territoire de ses pères.

Mais tandis que ces deux armées formidables opéraient leur jonction, Montrose quittait ce pays dévasté vers lequel s’avançait une troisième armée rassemblée dans le Nord par le comte de Seaforth. Après quelque hésitation, ce seigneur avait embrassé la cause des covenantaires, et, secondé par la garnison d’Inverness réunie à ses forces, il menaçait Montrose de ce côté.

Enfermé dans un pays dévasté et dépourvu de moyens d’existence, menacé de tous côtés par l’approche d’ennemis bien supérieurs en nombre, la perte de Montrose était inévitable. Mais c’était précisément dans des circonstances de cette nature que le génie actif et entreprenant du comte excitait l’étonnement et l’admiration de ses partisans et répandait la terreur parmi ses adversaires. Il rassembla comme par enchantement ses troupes éparses, qui jusqu’alors avaient été occupées à dévaster le pays ; et à peine les eut-il réunies, qu’Argyle et ses généraux apprirent que les royalistes avaient subitement disparu du comté, et qu’ils s’étaient retirés vers