Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/498

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les amener ici sans une autorisation préalable. — Vous avez très bien fait. Il serait convenable qu’ils restassent où ils sont, ou même qu’ils se retirassent dans quelque lieu encore plus éloigné. Je leur enverrai de l’argent, quoique je n’en aie pas beaucoup en ce moment. — Cela est tout à fait inutile ; Votre Excellence n’a qu’à leur donner à entendre que les Mac-Aulay vont marcher dans cette direction, et mes amis du Brouillard, faisant aussitôt volte-face, se retireront au loin. — Ce serait agir un peu brutalement, reprit Montrose ; il vaut mieux leur envoyer quelques dollars, afin qu’ils puissent acheter des bestiaux pour la subsistance de leurs femmes et de leurs enfants. — Ils savent s’en procurer à bien meilleur compte, reprit le major ; mais que Votre Excellence fasse ce qui lui plaira. — Que Ranald Mag Eagh choisisse un ou deux de ses compagnons parmi ceux qui lui inspirent le plus de confiance et qui sont le plus capables de garder un secret : ils nous serviront de guides. Qu’ils se rendent dans ma tente demain au point du jour, et veillez, si cela est possible, à ce qu’ils ne soupçonnent rien de mes projets et à ce qu’ils n’aient entre eux aucun entretien particulier. Ce vieillard a-t-il des enfants ? — Tous, au nombre de douze, je crois, répondit le major, ont été tués ou pendus ; mais il lui reste encore un enfant, un garçon alerte, éveillé, qui promet beaucoup, ma foi, et que je n’ai jamais vu marcher sans un caillou dans le coin de son plaid pour le lancer à la tête du premier qui voudrait lui barrer le chemin ; ceci ne semble-t-il pas annoncer que, semblable à David qui avait l’habitude de lancer de petites pierres qu’il ramassait dans le ruisseau, il pourra devenir par la suite un guerrier entreprenant ? — Ce garçon restera auprès de moi, major Dalgetty, dit le comte ; je pense qu’il aura assez de bon sens pour ne pas dire son nom. — Votre Excellence n’a aucun sujet de crainte à avoir ; ces montagnards à peine sortis de la coquille… — Eh bien, reprit Montrose, ce garçon me répondra de la fidélité de son père ; et si Ranald remplit son devoir, l’avancement de son fils sera sa récompense. Maintenant, major, je vous engage à aller prendre quelque repos ; demain vous me présenterez ce Mac Eagh sous le nom ou la qualité qu’il lui plaira de prendre. Je présume que sa vie aventureuse l’a rendu habile à prendre tous les déguisements imaginables. Mais j’y pense, nous pouvons mettre dans la confidence Jean de Moidart ; il a du jugement et de l’expérience, et il consentira à ce que cet homme passe pour quelque temps pour un