Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/495

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tenant à Argyle ; il les remit entre les mains de son général. Cependant il ne poussa pas plus loin ses explications ; car je n’ai point entendu dire qu’il eut fait aucune mention de la bourse d’or qu’il s’était appropriée en même temps que les papiers. Montrose, saisissant une des torches attachées contre la muraille, parcourut ces documents, et il parut, par les paroles entrecoupées qui lui échappèrent, qu’ils donnaient une nouvelle force à la haine que lui inspirait son rival.

« Il ne me craint pas ! Eh bien ! il sentira la vigueur de mon bras !… Incendier mon château de Murdoch ! Avant d’y parvenir, il verra les flammes dévorer sa forteresse d’Inverary ! Oh ! si j’avais un guide pour me conduire dans le Strath Fillan ! »

Dalgetty entendait assez bien son affaire pour deviner l’intention de Montrose. Il interrompit aussitôt la narration prolixe de l’escarmouche qu’il avait eue à soutenir et de la blessure qu’il avait reçue dans sa retraite, et il tomba assez adroitement sur le sujet qui intéressait évidemment son général.

« Si Votre Excellence, dit-il, désire faire une incursion dans le comté d’Argyle, Ranald, ce pauvre homme dont je vous ai parlé, connaît, ainsi que ses enfants et ses compagnons, tous les passages de ce pays qui y conduisent, soit de l’est, soit du nord. — Vraiment ? demanda Montrose : et qui peut vous porter à croire leurs connaissances aussi étendues ? — Je ferai observer à Votre Excellence que, pendant plusieurs semaines que ma blessure m’obligea de rester parmi eux, ils furent contraints à plusieurs reprises de changer de demeure, à cause des tentatives réitérées que fit le duc d’Argyle pour s’emparer de la personne d’un officier qui était honoré de votre confiance ; de sorte que j’ai été plusieurs fois à même d’admirer l’adresse avec laquelle ils profitaient de la connaissance qu’ils ont de ce pays, en quelque sens qu’ils le parcourussent. Lorsque enfin je fus en état de rejoindre les drapeaux de Votre Excellence, cette honnête créature, Ranald Mac Eagh, me conduisit par des sentiers détournés que mon coursier Gustave, dont Votre Honneur peut se souvenir, parcourut avec beaucoup de facilité ; ce qui me fit penser que dans un pays montagneux comme celui de l’ouest, où des guides, des espions et des messagers pourraient être très utiles, il était impossible de trouver des gens plus habiles que cet honnête montagnard et ses compagnons. — Et pouvez-vous répondre de sa fidélité ? demanda Montrose : quel est son nom, sa profession ? — C’est un outlaw, un