Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/494

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des arcs et des flèches, il y a réussi, ce que Votre Honneur aura peine à croire. — Vous enverrez beaucoup dans mon camp, reprit Montrose, et vous en reconnaîtrez l’utilité. — L’utilité, milord ! excusez ma surprise… Quoi ! des arcs ! des flèches ! Ah ! permettez-moi, milord, de vous engager à leur substituer à la première occasion des mousquets et des carabines. Mais pour en revenir à cet honnête montagnard, outre qu’il m’a défendu avec courage, il a pris la peine de me soigner et de me guérir d’une blessure que je reçus en opérant ma retraite, ce qui lui donne les plus grands droits à ma reconnaissance, et mérite que je le recommande à la protection de Votre Honneur. — Quel est votre nom, mon ami ? » demanda Montrose au montagnard.

« Je ne puis le dire, répondit ce dernier. — Ce qui signifie, reprit Dalgetty, qu’il désire garder l’anonyme, attendu que jadis il a pris un château, tué certains enfants, et fait plusieurs autres exploits de ce genre, qui, comme le sait fort bien Votre Honneur, se pratiquent communément en temps de guerre, mais qui n’excitent point ordinairement la bienveillance des amis de ceux qui eurent à souffrir de tels exploits. J’ai connu, dans le cours de ma carrière militaire, une foule de braves cavaliers mis à mort par des paysans, seulement pour s’être donné le plaisir de les traiter trop militairement. — Je comprends, reprit Montrose : cet homme a des ennemis parmi nos partisans. Qu’il se retire au corps-de-garde, et nous aviserons ensemble au moyen le plus sur de le protéger. — Vous entendez, Ranald, dit le major d’un ton de supériorité. Son Excellence désire causer en particulier avec moi ; en conséquence, il faut que vous vous retiriez. Le pauvre garçon ! il ne sait pas où est placé le corps-de-garde, tant, malgré son âge, il est novice dans l’art de la guerre ! Je vais le faire conduire par une sentinelle, et je rejoins à l’instant Votre Seigneurie. »

Au bout de quelques minutes Dalgetty fut de retour, et Montrose lui fit d’abord quelques questions relatives à son ambassade d’Inverary, écoutant ses réponses avec la plus grande attention, malgré la prolixité du narrateur. Il eut besoin de toute son attention pour comprendre quelque chose à ce récit diffus et verbeux ; mais personne ne savait mieux que lui que, pour obtenir d’utiles renseignements d’agents tels que Dalgetty, il faut les laisser suivre leur méthode habituelle de narrer. Sa patience fut enfin récompensée. Parmi les dépouilles que le major s’était adjugé le droit de prendre, se trouvait un paquet de papiers secrets appar-