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où il donna sa démission, sous prétexte qu’on ne fournissait pas à son armée les renforts et les provisions qu’on aurait dû lui envoyer. D’Édimbourg le marquis retourna à Inverary, d’où il gouverna, en pleine sécurité et avec l’autorité d’un patriarche, ses vassaux et ses feudataires, se reposant sur la foi de ce proverbe national que nous avons déjà cité : Il y a loin d’ici à Lochow.






CHAPITRE XVI.

retour de dalgetty au camp.


Des montagnes escarpées, de hautes collines protègent son année d’un côté ; de l’autre elle est défendue par des terrains fangeux et des marécages.
À cette nouvelle, le comte fit appeler ses capitaines au conseil. Tous, dans leur humeur chagrine, furent d’avis d’aller en avant, et de se soumettre à la fortune, quoi qu’il arrivât.
Flodde-Field, ancien poème.


Montrose avait alors une carrière magnifique à parcourir, pourvu qu’il pût obtenir le consentement de ses troupes, braves, mais inconstantes, et celui de leurs chieftains indépendants. Les basses terres lui étaient ouvertes, sans qu’une armée pût s’opposer à sa marche ; car les amis d’Argyle avaient quitté l’armée des covenantaires lorsque leur maître avait rendu sa commission, et plusieurs autres corps, fatigués de la guerre, avaient profité de l’occasion pour se séparer. Aussi, descendant le Strath-Tay, l’un des passages les plus commodes des Highlands, Montrose n’avait qu’à se présenter dans les basses terres pour réveiller l’esprit chevaleresque et la loyauté des gentilshommes qui étaient au nord du Forth.

L’acquisition de ces pays, soit qu’elle eût lieu avec ou sans résistance, le mettait en possession d’une des parties les plus riches et les plus fertiles du royaume, et en état d’entretenir son armée sur un bon pied en lui payant régulièrement la solde, de pénétrer jusqu’à la capitale, de là peut-être jusqu’aux frontières, où il présumait pouvoir opérer sa jonction avec l’armée du roi Charles, qu’on n’avait pas encore pu réduire.

Tel était le plan d’opération qui devait lui assurer la gloire la plus réelle et le succès le plus important pour la cause royale. Il ne pouvait donc échapper à l’esprit ambitieux et hardi de celui à qui ses services avaient déjà fait donner le surnom de grand marquis. Mais d’autres motifs faisaient agir la majorité de ses partisans et ne laissaient peut-être pas que d’influencer également sa propre conduite.