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commandés par Montrose ; mais les temps étaient étrangement changés depuis le dernier demi-siècle.

Avant cette époque, les Lowlanders étaient aussi guerriers que les montagnards, et ils étaient, sans comparaison, mieux disciplinés et mieux armés : leur ordre de bataille favori ressemblait sous certains rapports à la phalange macédonienne. Leur infanterie formait un corps compact, armé de longues lances, impénétrable même à la cavalerie de cette époque, quoique bien montée et couverte d’armures à l’épreuve : on peut donc facilement concevoir que leurs rangs ne pouvaient être entamés par une infanterie chargeant sans ordre, armée seulement d’épées, mal fournie de traits, et n’ayant pas d’artillerie. Cette manière de combattre fut en grande partie changée lorsqu’on donna des mousquets à la milice des Lowlands. Ces armes, auxquelles on n’avait pas encore adopté la baïonnette, étaient dangereuses de loin, mais n’étaient d’aucun secours contre des ennemis qui se précipitaient pour combattre corps à corps. Il est rai qu’on n’avait pas tout à fait abandonné l’usage des piques dans l’armée écossaise ; mais comme depuis long-temps ce n’était plus l’arme favorite, elle n’inspirait plus la même confiance qu’auparavant aux hommes qui s’en servaient, d’autant plus que Daniel Lupton, tacticien de l’époque, avait écrit un traité particulier sur la supériorité du mousquet.

Ce changement avait commencé à s’opérer lors des guerres de Gustave-Adolphe, dont les marches étaient si rapides, que bientôt la pique fut remplacée par les armes à feu. Une suite nécessaire de ce changement, aussi bien que de l’établissement d’armées permanentes par lesquelles la guerre devint un métier, fut l’introduction d’un système de discipline dans lequel une infinité de mots de commandement se combinent avec des opérations et des manœuvres correspondantes, et dont l’oubli d’une seule jetterait la confusion partout. La guerre, comme on la faisait alors parmi la plupart des nations de l’Europe, avait pris le caractère d’une profession pour laquelle la pratique et une longue expérience étaient d’une indispensable nécessité. Telle fut donc la conséquence naturelle de la création d’armées permanentes qui, presque partout, et particulièrement dans les longues guerres de l’Allemagne, avaient remplacé ce qu’on peut appeler la discipline naturelle de la milice féodale.

La milice écossaise des Lowlands avait donc un double désa-