Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/482

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pelait communément Alister ou Alexandre Mac Donnel ; il naquit dans une île écossaise, et était parent du comte d’Antrim, qui lui avait fait obtenir le commandement des troupes irlandaises. Sous beaucoup de rapports il méritait cette distinction : sa bravoure allait jusqu’à l’intrépidité et presque jusqu’à la barbarie : plein d’activité, maniant les armes avec une adresse rare, il était toujours prêt à donner l’exemple au moment du danger. Ce qui contre-balançait ces bonnes qualités, était son inexpérience dans la tactique militaire, un caractère jaloux et présomptueux, qui souvent fit perdre à Montrose les fruits de sa bravoure. Mais l’ascendant des qualités personnelles extérieures est d’un si grand poids aux yeux d’un peuple sauvage, que les actes de bravoure et de force de ce champion semblent avoir fait une plus grande impression sur les âmes des Highlanders que les talents militaires et l’esprit chevaleresques du grand marquis de Montrose ; et on conserve encore dans les vallées des Highlands de nombreuses traditions concernant Alister Mac Donnel, quoique le nom de Montrose s’y rencontre rarement.

Le point sur lequel Montrose assembla sa petite armée fut le Strathearn, dans les montagnes du Perthshire, dont il voulait ainsi menacer la ville principale.

Ses ennemis étaient préparés à le bien recevoir. Argyle, à la tête de ses Highlanders, suivait à la piste les traces des Irlandais de l’ouest à l’est, et par la force, par les menaces ou par son influence, il avait rassemblé une armée presque suffisante pour livrer bataille à Montrose. Les basses terres étaient aussi préparées à entrer en lutte par les raisons que nous avons données au commencement de cet ouvrage. Un corps de six mille fantassins et de six à sept mille cavaliers qui, par une insigne profanation, avait pris le titre d’armée de Dieu, avait été levé à la hâte dans les comtés de Fife, d’Angus, de Perth, de Stirling, et dans les lieux circonvoisins. Autrefois, et même sous le règne précédent, des forces beaucoup moins considérables auraient été plus que suffisantes pour protéger les basses terres contre une invasion plus formidable que celle dont les menaçaient les Highlanders