Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/467

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— L’homme habillé de fer, dit Dalgetty en entrant, vous est attaché, Ranald, et ce noble lord va être aussi attaché lui-même[1]. Mais, avant tout, il faut qu’il remplisse sur ce passeport les noms du major Dugald Dalgetty et de son guide, ou je lui donnerai un passeport pour l’autre monde. »

Le marquis écrivit, à la lueur de la lanterne sourde, ce que le major lui dicta.

« Maintenant, Ranald, dit Dalgetty, dépouille-toi de ton vêtement de dessus, de ton plaid, je veux dire ; j’en envelopperai Mac Callum More, et j’en ferai pour un moment un Enfant du Brouillard… Oh ! il faut que je le place sur votre tête, milord, pour nous mettre en garde contre vos clameurs intempestives. Bien ! le voilà suffisamment enveloppé. Baissez vos bras, ou, de par le ciel ! je vous plonge votre propre poignard dans le cœur : vous ne serez attaché qu’avec un cordon de soie, par respect pour votre qualité. Allons, il restera tranquille jusqu’à ce que quelqu’un vienne le secourir. S’il a commandé notre dîner pour une heure un peu trop reculée, Ranald, c’est lui qui en souffrira. À quelle heure, mon brave ami, le geôlier fait-il ordinairement sa visite ? — Jamais avant le coucher du soleil ! — Alors nous avons trois heures devant nous, dit le prudent major ; je vais travailler à votre délivrance. » Son premier soin fut d’examiner la chaîne de Ranald ; il l’ouvrit au moyen d’une des clefs suspendues derrière la porte secrète, probablement placées là pour que le marquis pût, s’il le voulait, renvoyer un prisonnier ou le transférer ailleurs sans être obligé d’en prévenir le gardien. Le proscrit étendit ses bras engourdis, et bondit sur le plancher avec la joie d’un homme qui recouvre sa liberté.

« Endossez la livrée du noble prisonnier, et suivez-moi, » dit le major.

Le proscrit obéit. Ils montèrent l’escalier dérobé, après avoir fermé la porte derrière eux, et gagnèrent sans danger le cabinet du marquis.

  1. Jeu de mots qui se trouve dans l’anglais. a. m.