Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/464

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franchement, monsieur, répliqua le major, pensez-vous qu’il soit raisonnable de me demander les secrets de notre armée, à moi qui ai pris un engagement pour toute la campagne ? Si je vous donne les moyens de battre Montrose, que deviendront ma paie, mon arriéré, et mon droit sur le butin ? — Je vous dis, répliqua Campbell, que si vous êtes entêté, votre campagne commencera et se terminera par le billot qui est à la porte du château, disposé pour châtier des vagabonds tels que vous ; mais si vous répondez sincèrement à mes questions, je vous recevrai à mon… au service de Mac Callum Moore. — La solde est-elle bonne ? — Elle sera double de la vôtre si vous voulez retourner auprès de Montrose, et agir d’après les ordres du marquis d’Argyle. — Je suis fâché de ne pas vous avoir vu, monsieur, avant de m’être engagé avec Montrose, » dit Dalgetty paraissant réfléchir.

« Au contraire, je puis vous procurer des conditions plus avantageuses maintenant, dit le Campbell, en supposant toutefois que vous soyez fidèle. — C’est-à-dire fidèle à vous, et traître à Montrose. — Fidèle à la cause de la religion et du bon ordre, répliqua Murdoch ; ce qui sanctifie toute trahison dont on se rend coupable pour la servir. — Et le marquis d’Argyle… si je voulais entrer à son service… est-ce un bon maître ? — Il n’en existe pas de meilleur. — Généreux avec ses officiers ? — L’homme le plus libéral. — Exact et fidèle à remplir ses engagements ? — Autant que le plus honorable gentilhomme. — Jamais je n’en ai entendu dire autant de bien, dit Dalgetty ; vous êtes un ami du marquis, ou plutôt vous êtes le marquis lui-même. Milord d’Argyle, » ajouta-t-il en se jetant sur le marquis déguisé, « je vous arrête au nom du roi Charles, comme un traître. Si vous avez le malheur d’appeler du secours je vous tords le cou. »

L’attaque de Dalgetty fut si soudaine et si inattendue, qu’il renversa facilement le marquis sur le pavé de la prison, et le maintint par terre de la main gauche, tandis qu’avec la droite il lui serrait la gorge, prêt à l’étrangler au moindre effort qu’il ferait pour appeler du secours.

« Milord d’Argyle, dit-il, c’est maintenant à mon tour de fixer les conditions de la capitulation. Si vous consentez à me montrer la porte secrète par laquelle vous êtes entré dans la prison, vous aurez la vie sauve, à condition que vous serez mon locum tenens[1], comme nous disions au collège Mareschal, jusqu’à ce que votre

  1. Remplaçant. a. m.