Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/462

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de Menteith. — Elle tomba au pouvoir d’Allan à la main sanglante, et on l’avait reconnue comme fille de ta tribu ! dit Murdoch : alors son sang a rougi le dirk, et tu ne m’as rien avoué qui puisse racheter ta vie criminelle. — Si ma vie dépend de la sienne, répondit le proscrit, je suis sauvé, car la jeune fille vit encore ; mais la fragilité de la promesse d’un fils de Diarmid ne me rassure que faiblement. — J’y serai fidèle, dit le Campbell, si vous pouvez m’assurer qu’elle respire, et m’indiquer le lieu où on peut la trouver. — Au château de Darnlinvarach, sous le nom d’Annette Lyle ; j’en ai souvent entendu parler par ceux de nos tribus qui se sont de nouveau rapprochés des bois où ils sont nés, et il n’y a pas long-temps encore que je l’ai vue moi-même. — Vous ! dit Murdoch d’un air étonné, vous le chef des Enfants du Brouillard ! vous vous êtes exposé si près de votre mortel ennemi ! — J’ai fait plus, fils de Diarmid, répliqua le proscrit : je m’introduisis dans le château déguisé en joueur de harpe venu des bords sauvages de Skianach. Mon projet était de plonger mon dirk dans le sein de Mac-Aulay à la main sanglante, devant qui tremble notre race, et de me soumettre après cela au sort que Dieu m’aurait envoyé. Mais au moment où ma main avait saisi la poignée de ma dague, je vis Annette Lyle. Elle chanta, en s’accompagnant de son clairshach, une ballade des Enfants du Brouillard qu’elle avait apprise lorsqu’elle vivait parmi nous. Les bois dans lesquels nous avions vécu tranquilles faisaient retentir leurs feuilles vertes dans sa chanson, et on entendait le doux murmure de nos ruisseaux. Ma main oublia mon dirk, des larmes mouillèrent ma paupière, et l’heure de la vengeance se passa. Maintenant, fils de Diarmid, n’ai-je pas bien payé ma rançon ? — Oui, dit Murdoch, si votre histoire est véritable ; mais quelle preuve pouvez-vous m’en donner ? — Ciel et terre, s’écria le proscrit, je vous prends à témoin qu’il cherche déjà à rétracter sa parole. — Nullement, répondit Murdoch ; je saurai la tenir lorsque j’aurai la certitude que vous m’avez dit la vérité. Mais j’ai quelques mots à dire à votre compagnon de captivité. — Promettre et ne jamais tenir, telle est leur habitude ! » murmura deux fois le prisonnier en se jetant de nouveau sur le pavé de la prison.

Pendant ce temps, le major Dalgetty, qui n’avait pas perdu un mot de ce dialogue, faisait ses remarques en lui-même. « Que diable ce rusé coquin peut-il avoir à me dire ? Je n’ai pas d’histoire