Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/452

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Cette menace n’excita qu’un rire de mépris, et un des Campbells s’écria : « Il y a loin d’ici à Lochow ; » expression proverbiale de la tribu, qui signifiait que leurs anciens domaines héréditaires étaient à l’abri des insultes et des invasions de l’ennemi.

« Mais, messieurs, reprit l’infortuné major, qui ne voulait pas se laisser condamner sans avoir épuisé tous ses moyens de défense, « quoique ce ne soit point à moi à dire quelle est la distance d’ici à Lochow, attendu que je suis étranger en ce pays, cependant, et cela est plus dans la question, je pense que vous reconnaîtrez que j’ai un sauf-conduit d’un honorable gentilhomme de votre nom, sir Duncan Campbell d’Ardenvohr, et je vous ferai observer qu’en violant cette garantie dans ma personne, ce serait faire un grand tort à son honneur et à sa réputation. »

Ces paroles semblèrent exciter de nouvelles réflexions chez bon nombre des assistants : ils se parlèrent bas l’un l’autre à part, et le visage du marquis, malgré le pouvoir avec lequel il maîtrisait toutes ses émotions extérieures, donna des marques d’impatience et de dépit.

« Sir Duncan a-t-il engagé son honneur pour la sûreté de cet homme, milord ? » dit un des Campbells en s’adressant au marquis. « Je ne le crois pas, mais je n’ai pas encore eu le temps de lire sa lettre. — Nous prierons noire Seigneurie de la lire, » dit un autre des Campbells ; « l’honneur de notre tribu ne doit point être souillé pour un tel compagnon. — Une mouche morte, dit un prêtre, donne une mauvaise odeur au baume de l’apothicaire. — Révérend ministre, dit le major Dalgetty, je vous pardonne le mauvais goût de votre comparaison, en raison de l’application que vous en avez faite, et de même je pardonne au gentilhomme en bonnet rouge l’épithète méprisante de compagnon, qu’il m’a appliquée si malhonnêtement, et que je ne mérite nullement, si ce n’est dans le sens de compagnon d’armes, comme je l’ai reçue du grand Gustave-Adolphe, le lion du Nord, et d’autres grands généraux, soit en Allemagne, soit dans les Pays-Bas. Quant à la garantie que sir Duncan m’a donnée de ma sûreté, j’engage ma vie qu’il confirmera mes paroles lorsqu’il arrivera ici demain. — Puisque sir Duncan est attendu sitôt, dit l’un des intercesseurs, ce serait une cruauté d’en finir trop vite avec ce pauvre homme. — D’autant plus, dit un autre, que Votre Seigneurie devrait au moins consulter la lettre du chevalier d’Ardenvohr, afin d’ap-