Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/451

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Dalgetty lui présentait, et le jetant avec dédain sur une table, il demanda à ceux qui l’entouraient ce que méritait celui qui venait comme l’envoyé de l’agent avoué des traîtres et des mécontents qui avaient pris les armes contre l’État.

« Une haute potence et une courte confession, répondit à l’instant un de ses officiers. — Je prierai l’honorable gentilhomme qui vient de parler, dit Dalgetty, d’être moins prompt à prendre ses conclusions, et Votre Seigneurie de ne les accueillir qu’avec prudence, parce que de telles menaces ne doivent être faites qu’à des bisonos[1], et non à des hommes de courage et de cœur qui sont forcés de s’exposer eux-mêmes aussi aveuglément dans ces sortes de services, que dans les sièges, batailles ou attaques de toutes espèces. Et quoique je n’aie pas avec moi un trompette ou un drapeau blanc, notre armée n’étant pas encore équipée ni entièrement en ordre. Votre Seigneurie, ainsi que ces honorables cavaliers, doivent savoir que le caractère sacré d’un envoyé qui vient pour signer une trêve ou pour parlementer, ne consiste point dans les fanfares d’une trompette, qui n’est qu’un son, ou dans les ondulations d’un drapeau blanc, qui n’est lui-même qu’un vieux chiffon, mais dans la confiance que le parti qui envoie et celui qui est envoyé ont en l’honneur de ceux auxquels le message doit être porté, et dans l’entière conviction qu’ils respecteront le jus gentium ; aussi bien que les lois de la guerre, dans la personne du parlementaire. — Monsieur, vous n’êtes point ici, dit le marquis, pour nous faire une leçon sur les lois de la guerre, qui ne peuvent s’appliquer aux rebelles et aux insurgés, mais pour subir la peine que méritent votre insolence et votre folie en apportant le message d’un traître au lord justicier général d’Écosse, à qui ses devoirs imposent l’obligation de punir par la mort une telle offense. — Gentilshommes, » dit le major, qui commençait à trouver mauvaise la tournure que sa mission semblait vouloir prendre, « je vous prie de vous souvenir que le comte de Montrose rendra vos personnes et vos propriétés responsables de tout le mal qui pourrait m’être fait, à moi aussi bien qu’à mon cheval, par suite de procédés tellement inusités, et que sa justice fera tomber une vengeance rétributive[2] sur vos personnes et sur vos biens. »

  1. a. m.
  2. Néologisme, pour « une vengeance exercée par récompense, salaire ou tribut ».