Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/450

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la longueur d’un air plus confiant que gracieux ; il serait même arrivé jusqu’auprès d’Argyle avant de parler, si le marquis ne lui eût fait un signe de main qui l’arrêta court. Ayant fait son salut militaire avec une confiance aisée, le major s’adressa au marquis en ces termes : « Je vous souhaite le bonjour, milord, ou plutôt je devrais dire le bonsoir ; beso a usted las manos[1], comme dit l’Espagnol. — Qui êtes-vous, monsieur, et quelle affaire vous amène ici ? » demanda le marquis d’un ton qu’il croyait propre à réprimer la familiarité offensante du soldat.

« Cette demande est juste, milord, et j’y répondrai à l’instant comme il convient à un cavalier, et cela peremptoriè, comme nous avions coutume de dire au collège Mareschal. — Voyez qui est cet homme, Real, et ce qu’il veut, » dit le marquis d’un ton ferme à un gentilhomme qui se tenait près de lui.

« J’épargnerai à l’honorable gentilhomme la peine de me faire subir un interrogatoire. Je suis Dungald Dalgetty de Drumthwacket, ancien ritt-master au service de plusieurs puissances, et maintenant major de je ne sais quel régiment irlandais. Je viens en qualité de parlementaire de la part de haut et puissant lord James comte de Montrose, et d’autres nobles personnes maintenant en armes pour Sa Majesté ; et ainsi, Vive le roi Charles[2] ! — Savez-vous où vous êtes, monsieur, et le danger que vous courez en plaisantant avec nous, demanda une seconde fois le marquis, pour me répondre comme si j’étais un enfant ou un insensé ? Le comte de Montrose est avec les mécontents anglais, et je vous soupçonne d’être un de ces vagabonds irlandais qui sont venus dans cette contrée pour massacrer et brûler, comme ils ont fait sous sir Phelim O’Neale. — Milord, répliqua Dalgetty, quoique je ne sois pas un renégat[3], et j’ai pour garants l’invincible Gustave-Adolphe, le lion du Nord, Bannier, Oxenstiern, le valeureux duc de Saxe-Weimar, Tilly, Wallenstein, Piccolomini, et d’autres grands capitaines tant morts que vivants. Quant à ce qui regarde le noble comte de Montrose, je prie Votre Seigneurie de jeter un coup d’œil sur les pleins pouvoirs qui m’ont été donnés pour traiter avec vous au nom de cet honorable commandant. »

Le marquis regarda légèrement le papier signé et scellé que

  1. Je vous baise les mains. a. m.
  2. God save the king ! Dieu sauve le roi ! phrase qui répond à notre vive le roi ! a. m.
  3. Il y a ici un jeu de mots intraduisible dans le texte. Le marquis dit à Dalgetty qu’il est un vagabond, renegate ; le capitaine répond renegade, renégat. a. m.