Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/447

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à mort. Un sourire moqueur erra sur la figure du Highlander, sourire qui sembla de mauvais augure au brave major.

Dalgetty descendit de cheval à la porte, et Gustave fut emmené sans qu’il lui fût permis de l’accompagner à l’écurie, suivant son habitude ; et cette circonstance fit éprouver au vétéran une angoisse qu’il n’avait pas ressentie même à l’aspect de cet appareil de mort. « Pauvre Gustave ! se dit-il à lui-même ; s’il m’arrive quelque malheur, j’aurais mieux fait de le laisser à Darnlinvarach, que de l’avoir amené ici parmi ces sauvages Highlanders, qui savent à peine distinguer la tête d’un cheval de sa queue. Mais le devoir doit parler à un homme plus haut que tout ce qu’il a de plus cher.


« Quand l’airain vomit le trépas,
Et que les drapeaux de la gloire
Sont déployés, de vrais soldats,
Ambitieux de la victoire,
Devant la mort ne tremblent pas.
Allons, guerriers, suivez mes pas ;
Marchez et combattez en braves
Pour l’Évangile et ses prélats.
Et le grand roi des Scandinaves. »


Imposant silence à ses craintes par le refrain de cette ballade militaire, il suivit son guide dans une sorte de corps-de-garde qui était rempli de soldats highlanders. On lui annonça qu’il devait y rester jusqu’à ce que son arrivée fût annoncée au marquis. Pour rendre cette annonce plus agréable, il remit le paquet de sir Duncan Campbell au Dunniewassel, désirant, comme il le lui fit entendre de son mieux par signes, qu’il fût remis en mains propres au marquis. Son guide lui fit un signe affirmatif de tête, et sortit.

Le major resta environ une demi-heure dans cet endroit ; il supporta avec indifférence ou rendit avec mépris les regards curieux et même hostiles des soldats, pour lesquels son armure et son équipement étaient autant un sujet de curiosité que sa personne et son pays un objet d’aversion. Enfin un homme vêtu de velours noir, et portant une chaîne d’or comme un magistrat moderne d’Édimbourg, mais qui n’était que l’intendant de la maison du marquis d’Argyle, entra dans le corps-de-garde, et invita le major, avec une gravité solennelle, à le suivre en présence de son maître.

Les appartements à travers lesquels ils passèrent étaient remplis de domestiques ou d’employés de différents grades, disposés