Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/446

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être des Lowlanders ; les trois autres, enveloppés dans leurs plaids, des Highlanders ; deux ou trois femmes assises sous la potence paraissaient pleurer et chanter à voix basse leur coronach[1]. Mais ce spectacle était probablement trop ordinaire pour attirer l’attention des habitants en général ; car, tandis qu’ils se pressaient pour regarder la tournure militaire de Dalgetty, son cheval, d’une taille extraordinaire et son armure polie, ils semblaient ne faire aucune attention au spectacle pitoyable qui était sous leurs yeux.

L’envoyé de Montrose ne se montra pas aussi indifférent que cette foule curieuse, et entendant deux ou trois mots d’anglais sortir de la bouche d’un Highlander d’un extérieur décent, il arrêta son cheval, et s’adressant à lui : « Le grand-prévôt a eu bien de la besogne ici, l’ami ; puis-je vous demander de quel crime ces malheureux se sont rendus coupables ? »

En parlant ainsi, il montra le gibet ; et le Gaël, comprenant plutôt son geste que ses paroles, lui répondit aussitôt : « Ce sont trois gentilshommes catérans. Dieu ait leurs âmes ! et deux pauvres diables de Sassenachs[2] qui n’ont pas voulu faire quelque chose que Mac Callum More leur avait commandé. » Et tournant le dos avec indifférence, il s’éloigna sans attendre une autre question.

Dalgetty haussa les épaules et se remit en marche, car le cousin au dixième ou douzième degré de sir Duncan Campbell avait déjà donné quelques signes d’impatience.

À la porte du château, un autre exemple du pouvoir féodal l’attendait. Au milieu d’un petit enclos renfermé par une estacade ou palissade qui semblait nouvellement élevée pour la défense de la porte, et qui était protégée par deux pièces d’artillerie légère, se trouvait un grand billot sur lequel était une hache. Ces deux objets étaient teints d’un sang fraîchement répandu, et une quantité de sciure indiquait plutôt qu’elle ne cachait les marques d’une exécution récente.

Comme Dalgetty regardait ces nouveaux objets de terreur, son guide le tira tout-à-coup par le par de son jerkin, et ayant ainsi fixé son attention, il lui fit signe d’un clin d’œil et lui indiqua du doigt un poteau fixé dans l’estacade, et qui supportait une tête humaine, sans doute celle du malheureux qui venait d’être mis

  1. Chant funèbre des montagnes d’Écosse. a. m.
  2. Corruption du mot Saxon, terme dont se servent les Highlanders. a. m.