Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/436

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lequel sir Duncan lui montrait ces défenses extérieures, qu’il fallait élever un fort sur Drumsnab (c’était ainsi que s’appelait le mamelon situé à l’est du château), parce que de là on pouvait lancer dans la place des boulets rouges et incandescents, suivant la curieuse invention d’Étienne Bathian, roi de Pologne, et au moyen desquels ce prince avait dernièrement ruiné la grande cité de Moscou. Le major avoua qu’il n’avait pas encore vu cette invention ; mais il observa qu’il aurait un plaisir tout particulier de la voir mise à l’épreuve contre Ardenvohr ou tout autre château de pareille force, disant qu’une expérience si curieuse devait faire le plus grand plaisir à tous les admirateurs de l’art militaire. Sir Duncan changea le cours de la conversation en conduisant le major dans les écuries, et en le laissant soigner Gustave à sa fantaisie. Après s’être soigneusement acquitté de cette fonction, Dalgetty proposa de retourner au château, observant que son intention était d’employer le temps jusqu’au dîner, qui viendrait sûrement aussitôt après la parade, vers midi, à polir son armure qui, ayant un peu souffert de l’eau de la mer, pouvait, craignait-il, lui faire peu d’honneur aux yeux de Mac Callum More. Cependant, tout en retournant au château, il ne manqua point d’avertir sir Duncan que l’attaque subite et imprévue d’un ennemi pouvait lui être très-préjudiciable par la perte de ses chevaux, de son bétail et de ses provisions, qui seraient détruits ou enlevés : il le conjura donc vivement de nouveau de faire construire un fort sur la colline appelée Drumsnab, et il lui offrit ses services pour en tracer le plan. Sir Duncan ne répondit à ces offres désintéressées qu’en conduisant son hôte dans sa chambre, et en l’informant que le son de la cloche du château lui annoncerait l’heure du dîner.