Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/433

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des pierres détachées. Ayant monté le second escalier, ils se trouvèrent sur une autre galerie ou plate-forme ouverte ; et ils y auraient été exposés à un feu de mousqueterie et aux canons des remparts, si, venant avec des intentions hostiles, ils avaient fait un pas de plus. Un troisième escalier taillé dans le roc comme le premier, mais non couvert, les conduisit enfin au pied de la tour. Il était étroit et rapide ; et sans parler des pièces d’artillerie qui le dominaient, deux hommes déterminés, armés de piques et de haches d’armes, auraient pu défendre ce passage contre cent autres, car l’escalier ne pouvait contenir que deux personnes de front, et n’était pas garni de balustrade ni de rampe du côté du précipice escarpé et profond au bas duquel les vagues se brisaient avec un bruit semblable à celui du tonnerre. Grâces à ces ombrageuses précautions employées pour la sûreté des anciennes forteresses celtiques, une personne dont les nerfs auraient été sensibles, et qui aurait été sujette à des étourdissements, aurait trouvé quelque difficulté à entrer dans ce château, même lorsqu’on ne lui aurait opposé aucune résistance.

Dalgetty, trop vieux soldat pour avoir de telles craintes, ne fut pas plutôt arrivé dans la cour qu’il protesta devant Dieu que les fortifications du château de sir Duncan lui rappelaient celles de la célèbre forteresse de Spandau, situé dans la marche de Brandebourg, plus que celles de toute autre place qu’il eût jamais défendue dans le cours de ses campagnes. Néanmoins il critiqua beaucoup rétablissement de la batterie de sept canons, disant qu’il avait toujours observé que les canons perchés comme des cormorans ou des mouettes sur le sommet d’un rocher, faisaient plus de bruit que de mal.

Sir Duncan, sans rien répondre, introduisit le major dans la tour, défendue par une herse et une porte de bois de chêne garnie en fer, distantes entre elles de l’épaisseur du mur. À peine arrivé dans une salle dont les murs étaient couverts d’une tapisserie, le major continua ses critiques militaires. La vue d’un excellent déjeuner, dont il prit sa part avec empressement, les lui fit suspendre, à la vérité ; mais à peine eut-il satisfait son appétit, qu’il fit le tour de l’appartement, examinant par chaque fenêtre le terrain qui entourait le château. Il retourna ensuite s’asseoir, s’étendit de toute sa longueur, allongea une de ses jambes vigoureuses, et frappant sur sa grosse botte avec sa cravache, comme un homme mal élevé qui affecte d’être à son aise