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que angle entourait le château du côté du lac ; vers celui de la terre, il était bâti si près du bord du roc escarpé qu’il n’y avait que juste la place pour une batterie de sept canons destinée à protéger la place contre toute attaque, quoiqu’elle fût trop élevée pour être d’une grande utilité d’après le système militaire moderne.

Le soleil levant, qui paraissait derrière la vieille tour, en projetait au loin l’ombre sur le lac, et obscurcissait le pont de la galère sur lequel le major se promenait, attendant avec impatience le signal du débarquement. Sir Duncan, comme il en fut informé par ses gens, était déjà dans les murs de son château ; mais aucun d’eux ne voulut se rendre à l’invitation que leur adressa Dalgetty de le suivre à terre avant d’en avoir reçu directement la permission ou l’ordre du laird d’Ardenvohr.

Bientôt après cet ordre arriva, et une barque, sur la proue de laquelle se tenait un joueur de cornemuse, portant sur son bras gauche les armoiries du chevalier d’Ardenvohr brodées en argent, et jouant de toute sa force la marche de ce clan, Les Campbells arrivent, vint pour conduire l’envoyé de Montrose au château d’Ardenvohr. La distance entre la galère et le rivage était si peu considérable, que les efforts de huit rameurs vigoureux, en bonnets, habits, corsets et pantalons de tartan, suffirent pour amener la barque dans la petite crique où ils devaient débarquer, avant que le capitaine pût s’apercevoir qu’il avait quitté la galère. Deux des matelots, en dépit de sa résistance, montèrent Dalgetty sur le dos d’un troisième Highlander, et traversant le ressac avec lui, ils le mirent à terre au pied du château. Sur le devant du rocher on voyait comme l’entrée d’une caverne basse vers laquelle les Highlanders se préparaient à entraîner notre ami Dalgetty, lorsque s’échappant de leurs mains non sans peine, il insista pour voir Gustave aborder sain et sauf à terre avant de faire un pas de plus. Les Highlanders ne pouvaient comprendre ce qu’il voulait dire ; enfin, un d’entre eux qui entendait un peu l’anglais, ou plutôt l’écossais des Lowlands, s’écria : « Ah diable ! il demande son cheval : à quoi lui servira cet animal ? »

Le major se disposait à faire de nouvelles remontrances, lorsque sir Duncan Campbell parut à l’entrée de la caverne que nous avons décrite, et l’invita à accepter l’hospitalité d’Ardenvohr, lui assurant en même temps sur son honneur que Gustave serait traité comme il convenait au héros dont il portait le nom, sans