Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/426

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maison de mon père, que le chevalier d’Ardenvohr doit adresser ces remontrances. Je suis, il est vrai, le frère d’Angus ; mais, à ce titre, je ne suis que le premier homme de son clan, et forcé de donner l’exemple aux autres, c’est-à-dire d’être toujours prêt à obéir à ses ordres. — La cause est beaucoup plus générale que sir Duncan Campbell ne le suppose, » dit lord Menteith en se mêlant à la conversation : « elle n’est pas limitée entre le Saxon et le Celte, la montagne et la plaine, les Highlands et les Lowlands. Il s’agit de savoir si nous continuerons à être gouvernés par une compagnie d’hommes qui sont nos égaux, ou si nous retournerons au gouvernement naturel du prince, contre lequel ils se sont révoltés. Et quant à l’intérêt des Highlands en particulier, je demande pardon à sir Duncan Campbell de ma franchise, mais il me semble très-évident que le seul effet produit par l’usurpation actuelle, sera l’agrandissement d’un seul clan, qui s’élèvera aux dépens de chaque chef indépendant de nos montagnes. — Je ne vous répondrai point, milord, dit sir Duncan Campbell, car je connais vos préjugés et leur source ; mais vous me pardonnerez aussi de vous dire, que j’ai connu par les livres et par moi-même un comte de Menteith qui, étant à la tête d’une branche rivale de la maison de Graham, aurait dédaigné de se laisser diriger dans ses principes politiques, et de combattre sous les ordres d’un comte de Montrose. — C’est en vain, sir Duncan, » répondit fièrement lord Menteith, « que vous espérez armer ma vanité contre mes principes. Le roi a donné à mes ancêtres leur titre et leur rang, et ils ne pourraient me blâmer, lorsqu’il s’agit de la cause royale, de me soumettre à un homme qui a plus de titres que moi pour commander en chef. Une misérable jalousie ne m’empêchera pas de mettre mon bras et mon épée à la disposition du plus brave, du plus loyal, du plus héroïque chef que l’on puisse choisir parmi la noblesse écossaise. — C’est dommage, dit sir Duncan Campbell, que vous ne puissiez ajouter à son panégyrique les épithètes de plus ferme et de plus constant. Mais je n’ai pas l’intention de discuter avec vous à ce sujet, milord ; » et il fit un signe de la main comme pour couper court à la discussion, « le dé est jeté à votre égard. Permettez-moi seulement d’exprimer mon chagrin pour le sort désastreux dans lequel la témérité naturelle d’Angus Mac-Aulay et l’influence de Votre Seigneurie entraînent mon brave ami Allan que voici, le clan de son père, et bien d’autres vaillants guerriers. — Le sort en est jeté pour tous,