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CHAPITRE IX.

annette lyle.


Dans les moments de trouble, lorsque les lois dépendent de la volonté de chacun, on est forcé de s’y soumettre ; mais dans des temps meilleurs, et lorsque les lois ont repris leur empire, le pouvoir arbitraire tombe en poussière.
Shakspeare. Coriolan.


Dans une petite salle, séparée du reste des convives assemblés au château, lord Menteith et Allan Mac-Aulay tenaient respectueusement compagnie à sir Duncan Campbell, auquel on servit des rafraîchissements de toute espèce. Après avoir causé avec Allan de cette espèce de chasse qu’ils avaient faite ensemble aux Enfants du Brouillard, contre lesquels le chevalier d’Ardenvohr, aussi bien que les Mac-Aulay, avait une haine mortelle et implacable, sir Duncan ne tarda pas à amener la conversation sur le sujet de son message actuel au château de Darnlinvarach.

Il était réellement affligé, dit-il, de voir que des voisins et des amis qui devaient se soutenir mutuellement, étaient près d’en venir aux mains pour une cause qui les intéressait si peu.

« Qu’importe aux chefs highlanders, ajouta-t-il, que ce soit le roi ou le parlement qui triomphe ? Ne vaudrait-il pas mieux leur laisser terminer leurs différends sans nous en mêler, tandis que les chefs pouvaient saisir cette occasion d’établir leur autorité de manière que par la suite le roi ou le parlement ne pût la mettre en question. »

Il rappela à Allan Mac-Aulay que les mesures prises sous le dernier règne pour rétablir la paix dans les Highlands, comme on le disait, n’avaient eu pour but que de miner le pouvoir patriarcal des chefs ; et il lui cita le célèbre établissement des colons du comté de Fife, ainsi qu’on les appelait, dans le Lewis, comme faisant partie d’un plan délibéré, formé pour introduire des étrangers parmi les tribus celtiques, afin de détruire par degrés leurs anciennes coutumes, leur mode de gouvernement, et pour les dépouiller de l’héritage de leurs pères. » Et, » continua-t-il en s’adressant toujours à Allan, « c’est pour donner une autorité despotique au monarque qui a conçu ces desseins, que tant de chefs des Highlands sont sur le point de combattre et de tirer l’épée contre leurs voisins, leurs alliés et leurs anciens confédérés. — C’est à mon frère, répondit Allan, c’est au fils aîné de la