Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/420

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en se levant et en s’avançant. « J’aime sir Duncan Campbell ; nous avons été compagnons d’infortune dans d’autres temps, et je ne l’oublierai pas aujourd’hui. — Milord Menteith, je suis fâché de vous voir, si jeune, engagé dans une entreprise si désespérée et avec des rebelles. — Je suis jeune, il est vrai, répondit Menteith ; mais je suis assez vieux pour distinguer ce qui est juste d’avec ce qui ne l’est pas, la loyauté et la rébellion ; et si j’entre dans la meilleure route de bonne heure, j’ai l’espoir de la parcourir plus long-temps. — Et vous aussi, mon ami Allan Mac-Aulay, » dit sir Duncan en lui pressant la main ; « serons-nous donc ennemis, nous qui avons été si souvent alliés contre un ennemi commun ? » Puis se tournant vers l’assemblée, il dit : « Adieu, messieurs ; il y en a parmi vous un si grand nombre auxquels je souhaite du bien, que votre rejet de toutes les conditions d’accommodement me plonge dans un profond chagrin. Le ciel, » ajouta-t-il en levant les yeux, « jugera entre nous et les instigateurs de cette guerre civile. — Amen, dit Montrose ; nous nous soumettons à ce tribunal. »

Sir Duncan Campbell quitta la salle, accompagné par Allan Mac-Aulay et lord Menteith.

« Voilà un vrai Campbell, » dit Montrose lorsque l’envoyé fut parti ; « promettre beaucoup et ne tenir jamais, telle est leur devise. — Pardonnez-moi, milord, dit Evan Dhu ; tout ennemi héréditaire que je suis de leur nom, j’ai toujours trouvé le chevalier d’Ardenvohr brave dans la guerre, honnête dans la paix, et sincère dans ses conseils. — Tel est son caractère personnel, dit Montrose, je le sais ; mais il agit comme l’organe et l’interprète de son chef, le marquis d’Argyle, l’homme le plus faux qui ait jamais existé. Eh, Mac-Aulay, » continua-t-il en parlant à voix basse à son hôte, « de peur qu’il ne fasse quelque impression sur l’inexpérience de Menteith ou sur le caractère singulier de votre frère, vous feriez bien d’envoyer des musiciens dans leur appartement pour empêcher qu’il ne les engage dans une conversation particulière. — Que diable ! je n’ai pas de musiciens, répondit Mac-Aulay, si ce n’est le joueur de cornemuse, qui a presque perdu son souffle en faisant par orgueil assaut de supériorité avec trois autres de ses confrères ; mais je puis envoyer Annette Lyle avec sa harpe. » Et il sortit pour donner ses ordres.

Pendant ce temps il s’éleva une chaude discussion pour savoir qui se chargerait de la tâche périlleuse de retourner avec sir Duncan à Inverary. Les chefs du premier rang se regardaient