Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/414

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mission aussi étendue et aussi ample que jamais prince ait confiée à un sujet. Lorsque la lecture fut finie, un murmure qui partit du milieu de l’assemblée témoigna que les chefs se soumettaient à la volonté de leur souverain. Ne se contentant pas de les remercier en général de l’accueil favorable qu’ils lui faisaient, Montrose se hâta de s’adresser à chacun d’eux en particulier. Les chefs les plus importants lui étaient personnellement connus déjà depuis long-temps ; mais il se présenta lui-même à ceux d’un ordre inférieur, et, par les connaissances qu’il déploya dans leurs noms particuliers, dans les aventures et l’histoire de leurs clans, il montra combien il avait long-temps étudié le caractère des montagnards, et combien il était préparé au rôle qu’il jouait alors.

Tandis qu’il s’acquittait de ces actes de courtoisie, ses manières gracieuses, ses traits expressifs, la dignité de son maintien, faisaient un contraste frappant avec la grossièreté et la simplicité de son habillement. Montrose avait cette forme de corps et de visage dans laquelle l’observateur, au premier coup d’œil, ne voit rien d’extraordinaire, mais qui intéresse davantage à mesure qu’on la regarde plus long-temps. Sa taille était très-peu au-dessus de la moyenne, mais il était très bien fait, et capable de déployer une grande force et de soutenir une grande fatigue. En effet, il avait une constitution de fer sans laquelle il n’aurait pu supporter les pénibles fatigues de ces campagnes extraordinaires, et durant lesquelles il ne se ménagea pas plus qu’un simple soldat. Il était profondément versé dans les arts de la paix et de la guerre, et possédait naturellement cette manière aisée de se présenter que l’habitude donne aux personnes de qualité. Ses longs cheveux bruns séparés sur le haut de la tête, selon la mode des hommes de rang parmi les royalistes, descendaient de chaque côté de sa figure en boucles, dont l’une, tombant deux ou trois pouces plus bas que les autres, montrait que Montrose suivait une mode contre laquelle M. Prynne le puritain avait jugé convenable d’écrire un traité ayant pour titre : la mode disgracieuse des boucles d’amour.

Sa figure, entourée de ces longues tresses, avait ces traits qui inspirent l’intérêt plutôt par le caractère de l’homme que par la régularité de leur forme ; mais un nez aquilin, un œil gris, vif, décidé et bien ouvert, un teint animé, rachetaient le peu de délicatesse et l’irrégularité de la partie inférieure de son visage ;