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figure était cachée, et s’avançant au milieu de la salle, s’exprima en ces termes : « Je ne voulais pas rester plus long-temps spectateur silencieux de cette scène intéressante, quoique mon empressé ami m’ait obligé a me découvrir un peu plus tôt que je n’en avais l’intention ; et ce que je ferai pour le service du roi prouvera si je suis digne d’un pareil honneur. C’est une commission scellée du grand sceau et donnée à James Graham, comte de Montrose, pour commander les forces qui vont être assemblées pour le service de Sa Majesté dans ce royaume. »

Un cri d’approbation s’éleva dans l’assemblée. En effet, il n’y avait pas d’autre chef auquel, pour la naissance, ces orgueilleux montagnards eussent été disposés à obéir. La haine héréditaire et invétérée qu’il portait au marquis d’Argyle les assurait qu’il déploierait dans la guerre une énergie suffisante, tandis que ses talents militaires bien connus, sa valeur éprouvée, faisaient espérer qu’il la terminerait d’une manière favorable.





CHAPITRE VIII.

l’envoyé d’argyle.


Votre plan est aussi bon que tous ceux qui ont jamais été dressés. Nos amis sont constants et fidèles ; un bon plan, de bons amis et de grandes espérances ; un excellent plan, d’excellents amis.
Shakspeare. Henri V, première partie, acte II, scène 3.


Les acclamations universelles de la joie et de la surprise ne furent pas plus tôt apaisées, qu’on réclama généralement le silence pour lire la commission royale ; et les chefs, qui avaient jusqu’ici gardé leurs bonnets, probablement parce qu’aucun ne voulait ôter le sien le premier, se découvrirent la tête tous à la fois en honneur du brevet royal. Il était conçu dans les termes les plus flatteurs : on autorisait le comte de Montrose à assembler les sujets écossais sous les armes pour faire cesser la rébellion que divers traîtres et séditieux avaient excitée contre le roi en violant leurs serments de fidélité et en rompant la paix entre les deux royaumes. Il était enjoint aux autorités subalternes d’obéir à Montrose, et de l’assister dans son entreprise ; on lui donnait le pouvoir de rendre des ordonnances et de faire des proclamations, de punir les fautes, de pardonner aux criminels, de nommer et de destituer les gouverneurs et les commandants. Enfin c’était une com-