Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/410

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l’Angusshire, et il n’y avait aucun doute que ces braves royalistes, qui monteraient à cheval avec les Hays, les Leiths et les Burnets, et d’autres loyaux gentilshommes, formeraient un corps plus que suffisant pour tenir en bride les covenantaires du Nord, qui avaient déjà eu des preuves de leur valeur dans la déroute bien connue sous le nom populaire du Trot de Turiff[1]. Au sud du Forth et du Tay, le roi avait bon nombre d’amis qui, fatigués des serments qu’on les forçait de prêter, des impôts dont on les frappait, des taxes exorbitantes injustement imposées et levées par la tyrannie du comité des états et l’insolence inquisitoriale des ministres presbytériens, attendaient seulement que la bannière royale fût déployée pour prendre les armes. Douglas, Traquair, Roxburg, Hume, tous dévoués à la cause royale, contre-balanceraient les forces des covenantaires du sud, et deux gentilshommes de nom et de rang, du nord de l’Angleterre, ici présents, leur répondaient du zèle du Cumberland, du Westmoreland et du Northumberland. À tant de braves gentilshommes les covenantaires du sud ne pouvaient opposer que des levées sans expérience, les whigamores des comtés occidentaux, des laboureurs et des artisans de basses classes, car il savait que les covenantaires ne comptaient aucun allié dans tout l’ouest des Highlands, excepté un seul homme, aussi connu qu’il était odieux. Mais y avait-il un homme qui, en jetant un regard dans cette salle, et reconnaissant le pouvoir, la bravoure et le rang des chefs qui y étaient assemblés, pût douter un moment de leurs succès contre toutes les forces que Gillespie Grumach pourrait leur opposer ? Il n’avait plus qu’à ajouter que des fonds considérables et des munitions avaient été rassemblés pour l’entretien de l’armée ; que des officiers habiles et expérimentés, formés dans les guerres étrangères, dont un était ici présent (à ces mots, le capitaine Dalgetty se leva et promena ses regards autour de lui), s’étaient engagés à discipliner toutes les levées qu’on pourrait faire, et qu’un corps nombreux de troupes auxiliaires irlandaises, envoyé de l’Ulster[2] par le comte d’Antrim, était heureusement débarqué, et avait, avec le secours du clan Ranald, pris et fortifié le château de Mingarry, en dépit des efforts qu’avait faits Argyle pour arrêter leurs progrès, et ils étaient en pleine marche vers le lieu du rendez-vous. Il ne

  1. Nom qui rappelle notre journée des éperons. a. m.
  2. Une des quatre anciennes provinces de l’Irlande. Ces quatre provinces étaient l’Ulster, le Munster, le Conaught et le Monaught a. m.