Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/409

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fois fait la guerre à leur souverain et lui avoir arraché chaque demande juste ou injuste qu’ils trouvaient à propos de lui faire ; après avoir vu leurs chefs comblés de dignités et de faveurs ; après avoir publiquement déclaré, lorsque le roi, au retour d’un voyage dans sa terre natale, était sur le point de repartir pour l’Angleterre, qu’il s’en retournait, roi content d’un peuple content ; après toutes ces protestations, dis-je, et sans même le prétexte d’un grief national, ces mêmes hommes, sur des soupçons et des doutes également déshonorants pour le prince, et qui n’ont aucun fondement en eux-mêmes, ont envoyé une forte armée au secours des rebelles d’Angleterre, dans une querelle où l’Écosse n’était pas plus intéressée que dans les guerres d’Allemagne. Il était heureux, ajouta-t-il, que l’empressement avec lequel cette trahison s’était exécutée eût aveuglé la junte qui avait usurpé le gouvernement d’Écosse, sur les dangers qu’elle paraissait courir ; L’armée qu’elle avait envoyée en Angleterre sous les ordres du vieux Leven comprenait les soldats vétérans, l’élite de ces armées qui avaient été levées en Écosse durant les deux premières guerres. »

Ici le capitaine Dalgetty s’apprêtait à se lever pour dire que beaucoup d’officiers vétérans formés dans les guerres d’Allemagne, étaient à sa connaissance, dans l’armée du comte de Leven. Mais Allan Mac-Aulay, le retenant d’une main sur son siège, et mettant le doigt sur ses lèvres, l’empêcha ainsi, non sans quelques difficultés, de prendre la parole. Le capitaine lui jeta un regard de mépris et d’indignation qui ne troubla nullement la gravité d’Allan, et lord Menteith continua sans aucune interruption.

« Le moment, dit-il, était le plus favorable pour tous les fidèles et loyaux Écossais de montrer que le reproche qu’avait dernièrement encouru leur pays ne devait s’adresser qu’à l’ambition et à l’égoïsme de quelques hommes turbulents et séditieux, ainsi qu’à l’absurde fanatisme qui, du haut de cinq cents chaires, s’était répandu comme un déluge sur les Lowlands d’Écosse. Il avait reçu des lettres du Nord, du marquis de Huntly, dont chaque chef séparément pourrait prendre connaissance. Ce gentilhomme, également loyal et formidable, était déterminé à employer toutes ses forces pour la cause commune, et le puissant comte de Seaforth était prêt à se ranger sous la même bannière. Il avait des nouvelles également décisives du comte d’Airly et des Ogilvies, dans