Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

esq. de Glenforgen ; et quoique soumise aux entraves du rhythme anglais, nous assurons qu’elle approche autant de l’original que la traduction d’Ossian par son célèbre homonyme Mac Pherson.


le réveil.

Oiseaux de sinistre présage,
Chauve-souris, âpres corbeaux,
Laissez l’homme en proie à ses maux
Garder ses rêves en partage.
Toute la nuit vos cris affreux
Ont troublé sa pénible veille.
Hâtez-vous quand l’aube s’éveille,
Et dans vos antres ténébreux
Fuyez, afin que mon oreille
Entende, au lieu de la corneille,
L’alouette et ses chants heureux.

Courez à vos rochers stériles,
Loups dévorants, rusés renards ;
Ne détournez point vos regards,
Quoique de leurs mères tranquilles
Les agneaux, près d’elles épars,
Tettent les mamelles fertiles :
Serrez la queue, et sauvez-vous.
Avec la nuit sombre s’envole
Votre sûreté contre nous ;
Et du chasseur qui vous désole
Vous allez ressentir les coups.

Le pâle croissant de la lune
Brille à peine ; comme au matin,
Apparaît une ombre importune :
Éloignez-vous, peuple lutin,
Qui la nuit, dans son infortune,
Égarez l’humble pèlerin.
Sur la mobile fondrière,
Kelpy trompeur, éteins tes feux ;
Ta danse est finie, et nos yeux
Du soleil ont vu la lumière
De nos Grampiass sourcilleux[1]
Redorer le front solitaire.

Tristes pensers, effroi du cœur.
Qui du sommeil troublez l’empire.
Fuyez l’asile du bonheur
Comme le brouillard se retire
À l’aspect du jour bienfaiteur.
Disparais, sorcière livide.
Dont l’art énerve tous nos sens ;
De tes éperons frémissants
Presse ton palefroi rapide ;
Tu ne peux plus, et tu le sens,
Devant l’astre aux rayons brûlants
Offrir ton image perfide.

  1. Montagnes d’Écosse dont le texte indique une des cimes, appelée le Benyieglo. a. m.