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appointa un peu le vaillant capitaine qui, parmi les habitudes qu’il avait prises dans les Pays-Bas, avait rapporté une disposition à boire et à supporter sans incommodité une grande quantité de liqueurs fortes.

Leur hôte les conduisit lui-même dans une sorte de dortoir, où il y avait un lit à quatre colonnes, avec des rideaux de tartan, et un grand nombre de croches ou de longs paniers placés le long du mur, dont trois, bien garnis de bruyère en fleurs, étaient préparés pour recevoir les hôtes du laird.

« Je n’ai pas besoin d’expliquer à Votre Seigneurie, dit Mac-Aulay à lord Menteith qu’il prit un peu à l’écart, « notre manière de nous loger, nous autres Highlanders. Seulement, ne voulant pas vous laisser dormir dans cette chambre seul avec ce vagabond d’Allemand, j’ai ordonné qu’on plaçât les lits de vos domestiques dans cette galerie. Par Dieu, milord, nous vivons dans un temps où des hommes qui vont au lit avec la gorge intacte et en aussi bon état que toutes celles qui ont jamais été arrosées d’eau-de-vie, peuvent, avant le lendemain matin, l’avoir ouverte comme une huître qui bâille. »

Lord Menteith lui fit de sincères remercîments de l’arrangement qu’il avait pris. « Il est très-convenable, lui dit-il, car bien que je ne craigne aucune violence de la part du capitaine Dalgetty, Anderson est un homme qui a des qualités, et un gentilhomme qu’on aime à avoir toujours près de soi. — Je ne vous ai pas encore vu cet Anderson, dit Mac-Aulay ; l’avez-vous pris en Angleterre ? — Oui, répondit le lord ; vous le verrez demain ; en attendant, je vous souhaite une bonne nuit. »

Son hôte sortit de la galerie, après lui avoir souhaité le bonsoir. Il était près de le souhaiter aussi au capitaine Dalgetty ; mais observant que le capitaine était profondément engagé dans une discussion avec une haute cruche pleine d’eau-de-vie, il pensa que ce serait un malheur pour lui d’être troublé dans une si louable occupation, et il prit congé d’eux sans plus de cérémonie.

À peine fut-il parti, que les deux domestiques de lord Menteith arrivèrent. Le bon capitaine, qui, en ce moment, était un peu chargé de bonne chère, commença à trouver un peu difficile de défaire les agrafes de son armure, il s’adressa à Anderson, en ces mots, que venait parfois interrompre un léger hoquet : Anderson, mon bon ami, vous avez pu lire dans l’Écriture que celui qui ôte son armure ne se vante pas autant que celui qui la met : cepen-